Émeutes en Nouvelle-Calédonie : armée, renforts policiers… À quoi ressemble le dispositif déployé ?

NOUVELLE-CALÉDONIE - Un archipel en état d’urgence. Au quatrième jour des émeutes déclenchées par une réforme du mode de scrutin en Nouvelle-Calédonie contestée par les indépendantistes, la réponse de l’État, partiellement dépassé au cours des deniers jours, s’organise.

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« Depuis la déclaration de l’état d’urgence », mercredi soir heure de Paris, « je crois que nous sommes vers le rétablissement de la paix publique », a assuré Gérald Darmanin ce jeudi 16 mai dans Télématin sur France 2. « Dans les heures qui viennent, l’État reprendra totalement le contrôle », a promis le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer avant une nouvelle réunion de crise à l’Élysée prévue autour d’Emmanuel Macron.

La nuit de mercredi à jeudi « a été moins violente » que les deux précédentes, a estimé le représentant de l’État dans l’archipel, Louis Le Franc, même si elle a encore été le théâtre d’affrontements « très importants ». Le bilan des émeutes s’est toutefois alourdi ce jeudi matin avec le décès accidentel d’un gendarme, portant à cinq le nombre de morts dans l’archipel.

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· Renforts policiers

Au déclenchement des émeutes lundi, 1 700 policiers et gendarmes étaient présents dans les îles calédoniennes, « ce qui était déjà beaucoup », a rappelé le ministère de l’Intérieur sur France 2 ce jeudi. Après l’arrivée des renforts, il y aura au total « 2 700 policiers et gendarmes » en Nouvelle-Calédonie à la fin de la semaine, comptabilise Gérald Darmanin.

« Très concrètement, des forces du GIGN sont arrivées hier soir venues de Polynésie » et un autre avion avec à son bord 132 gendarmes de cette unité « vient d’atterrir sur place », a détaillé Gabriel Attal à la mi-journée à l’issue d’un nouveau conseil de défense à l’Elysée, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article. Un autre avion est attendu sur place « dans les prochaines heures », transportant « un escadron de gendarmerie mobile et 40 forces du GIGN, soit 116 effectifs supplémentaires ».

« Cet après-midi, un nouvel avion décollera de l’Hexagone avec deux escadrons de gendarmerie mobile et deux compagnies de CRS, soit 250 effectifs supplémentaires qui arriveront dans les prochaines heures » , a énuméré le Premier ministre. Ces renforts viennet s’ajouter aux effectifs du GIGN déjà mobilisés sur place au cours des derniers jours aux côtés du RAID, son équivalent dans la police nationale. Quatre escadrons de gendarmes mobiles et deux sections de la CRS 8, unité spécialisée dans la lutte contre les violences urbaines, étaient également mobilisés ces derniers jours face aux émeutes.

Parmi les forces de l’ordre, deux gendarmes ont trouvé la mort lors de ces émeutes à cette heure : le premier, touché par un tir dans le secteur de Plum, à l’est de Nouméa, « est mort après une nuit de protection dans un endroit particulièrement dangereux », avait indiqué mercredi le ministre de l’Intérieur au Sénat. Le second, un gendarme mobile, a été victime d’un tir accidentel alors que son unité « configurait un véhicule blindé sur la caserne de Bailly », a précisé la gendarmerie nationale ce jeudi.

· Protection des responsables politiques

Parmi les forces de l’ordre, plusieurs agents vont être affectés à des responsables politiques, a souligné Gérald Darmanin ce jeudi matin. Le ministre de l’Intérieur va en effet demander une « protection policière » pour « tous les leaders politiques, indépendantistes et non indépendantistes ». « Je suis sous protection du Raid », a par exemple indiqué l’ancienne ministre Sonia Backès, actuellement présidente de l’assemblée de la Province Sud de la Nouvelle-Calédonie.

· Déploiement de l’armée

Le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé mercredi soir le déploiement de l’armée dans l’archipel. Les militaires seront chargés de « sécuriser » les ports et l’aéroport de Nouvelle-Calédonie, alors qu’un pont aérien devait être mis en place ce jeudi matin pour l’acheminement des renforts et « garantir l’approvisionnement de l’île en produits essentiels ».

« Il n’y aura pas l’armée dans les rues de Nouvelle-Calédonie. C’est une question de maintien de l’ordre, pas d’invasion militaire, a précisé Gérald Darmanin sur France 2. Ce n’est pas le travail des armées de pacifier l’archipel. »

L’armée est également mobilisée pour l’acheminement des renforts de police et de gendarmerie, en particulier depuis la base militaire d’Istres (Bouches-du-Rhône). « Un avion par jour est envoyé à Nouméa grâce au ministre des Armées, Sébastien Lecornu », souligne son collègue de l’Intérieur.

· État d’urgence et assignations à résidence

L’entrée en vigueur de l’état d’urgence, à 20h mercredi soir heure de Paris, permet notamment aux pouvoirs publics de procéder à des assignations à résidence et à des perquisitions sans l’intervention du procureur. « Dix leaders mafieux du CCAT », un groupe indépendantiste, ont ainsi été assignés à résidence, a annoncé ce jeudi matin Gérald Darmanin.

Le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer a ajouté que « plus d’une vingtaine d’assignations supplémentaires » seraient prononcées jeudi à l’encontre de membres de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), la frange la plus radicale du Front de libération Kanak socialiste (FLNKS).

« Des perquisitions administratives seront menées par les forces de l’ordre », avait en outre promis Gérald Darmanin dès mercredi soir. Par ailleurs, les forces de l’ordre ont procédé à « plus de 206 interpellations » depuis lundi, a détaillé le ministre ce jeudi matin.

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