Élisabeth Borne trace le chemin sinueux de son gouvernement pour "bâtir ensemble"

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Borne trace le chemin tortueux de son gouvernement pour "bâtir ensemble" (Photo: via Associated Press)

POLITIQUE - “La route est droite, mais la pente est forte”. Élisabeth Borne aurait pu reprendre cette expression de Jean-Pierre Raffarin passée à la postérité politique. Deux jours après la nomination de son nouveau gouvernement, la Première ministre a livré son discours de politique générale à l’Assemblée nationale dans une ambiance électrique.

Pendant près d’une heure et demie, ce mercredi 6 juillet, la locataire de Matignon, la première femme depuis Édith Cresson à monter à la tribune pour un tel exercice, a dressé les contours de sa méthode pour soigner une “démocratie malade”. Elle tient en deux mots, répétés à l’envi: “Bâtir ensemble.”

Un impératif de “compromis”, imposé par la recomposition politique née du résultat des élections législatives et la perte, pour l’exécutif, de la majorité absolue. Alors pour parler au plus grand nombre, Élisabeth Borne n’a pas hésité à brasser large, dressant une liste de (nombreuses) priorités, entre pouvoir d’achat, sécurité, santé ou éducation.

Une ode aux compromis

Mais le chemin, pour “dépasser les clivages”, promet d’être sinueux, comme le montre le chahut qui a contraint le discours de la Première ministre ainsi que son choix d’éviter le vote de confiance des députés. Une première depuis 1993.

Dans le sillage des responsables de la majorité, la cheffe du gouvernement a passé de longues minutes à appeler les élus du Palais Bourbon à travailler ensemble. “Par le résultat des urnes, (les Français) nous demandent d’agir et d’agir autrement. Par leur message, ils nous demandent de prendre collectivement nos responsabilités”, a-t-elle notamment lancé au cours de ce grand baptême de feu, consciente “de l’ampleur de la tâche” qui l’attend.

Énumérant les défis qui se posent au pays (guerre en Ukraine, prix de l’énergie ou “urgence écologique”) et appelant à reprendre le “chemin de l’équilibre” des finances publiques, la locataire de Matignon a exhorté les députés à dépasser les clivages et à redonner “un sens et une vertu au mot compromis”.

“Les Français nous demandent de nous parler plus, de nous parler mieux, et de construire ensemble”, a-t-elle encore insisté avant de mettre en garde la représentation nationale contre tout blocage institutionnel.

Trois boussoles et un programme

Dans cet esprit, Elisabeth Borne a pris soin de citer neuf des onze présidents de groupe au Palais Bourbon. Tous, sauf Marine Le Pen pour le Rassemblement national et Mathilde Panot pour La France insoumise. “J’en ai parlé avec le président Vallaud”, a-t-elle par exemple lancé avec le sourire, en s’adressant au chef des socialistes, pour mettre en scène sa volonté de dialogue et d’ouverture. Rien d’anodin.

Sur le fond, Elisabeth Borne a érigé trois principes en boussoles de son action à Matignon. Sans se risquer à entrer dans les détails ou à multiplier les annonces concrètes. D’abord “la responsabilité environnementale”, ensuite la “responsabilité budgétaire”, le tout, sans “hausses d’impôts”.

Évoquant des “solutions structurantes” pour l’hôpital, ou “radicales” pour le climat, la Première ministre a également confirmé que le programme d’Emmanuel Macron défendu pendant la présidentielle constituerait la base de son travail et des ces négociations. C’est pourquoi le dossier explosif des retraites, mis en sommeil depuis la claque reçue par le camp présidentiel lors des dernières législatives, fait son retour.

“Notre pays a besoin d’une réforme de son système de retraite. Elle ne sera pas uniforme et devra prendre en compte les carrières longues et la pénibilité”, a ainsi expliqué Elisabeth Borne en restant floue sur les contours du projet mais en réaffirmant la volonté de l’exécutif de relever l’âge de départ à la retraite, chiffon rouge pour la gauche.

Comme un avant goût?

“Oui, nous devrons travailler progressivement un peu plus longtemps”, a-t-elle assuré, sans donner plus de précisions, sous les huées d’une partie de la NUPES, à l’image de ces 90 minutes mouvementées.

Élisabeth Borne, volontiers qualifiée de plus “technique” que “politique” a effectivement été chahutée à de nombreuses reprises ce mercredi après-midi. Son hommage aux soignants a par exemple été brouillé par des claquements de pupitres et des “hypocrite!” qui fusaient du côté de la gauche. Rebelote au moment de parler de l’environnement quand Mathilde Panot n’a pas hésité à rappeler, bruyamment, que la France a été “condamnée deux fois” pour inaction climatique sous Emmanuel Macron.

En réalité, même les sujets les plus consensuels étaient propices aux invectives dans un hémicycle gonflé à bloc. Il n’y a bien que l’évocation des militaires Français tombés au combat qui a provoqué les applaudissements de l’ensemble des députés, debout, à droite et à gauche. Une après-midi tendue, comme un avant-goût des mois à venir au Palais Bourbon?

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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