Élisabeth Borne recadre Éric Dupond-Moretti après ses bras d’honneur à l’Assemblée

Éric Dupond-Moretti à l’Assemblée nationale le 7 février 2023
Éric Dupond-Moretti à l’Assemblée nationale le 7 février 2023

POLITIQUE - Un petit recadrage. La Première ministre Élisabeth Borne a fait savoir ce mercredi 8 mars au ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti, qui a provoqué un tollé la veille à l’Assemblée nationale en faisant deux bras d’honneur, que son « comportement n’avait pas sa place dans l’hémicycle », a appris l’AFP auprès de l’entourage de la cheffe du gouvernement.

Élisabeth Borne a tenu ses propos lors d’un échange téléphonique avec le ministre, a-t-on ajouté de même source.

Le garde des Sceaux a eu ces gestes après l’intervention du chef de file des députés Les Républicains, Olivier Marleix, qui énumérait des condamnations, mises en examen ou enquêtes concernant des membres du camp présidentiel, dont le ministre de la Justice.

Face au tollé suscité, Éric Dupond-Moretti a reconnu et « regretté » les bras d’honneur, qui n’étaient selon lui « pas adressés au député Marleix », mais à l’atteinte « à la présomption d’innocence ».

Démission, sanction ou rien du tout ?

Olivier Marleix a demandé mercredi sur RTL à Emmanuel Macron de « tirer les conséquences » de cette affaire, en sanctionnant le ministre pour ce « geste scandaleux ». Il a déploré une « insulte à l’égard de la représentation nationale ». « Ça aurait été un député de La France insoumise, il aurait été exclu, je n’en doute pas, pour 15 jours », a-t-il fait remarquer.

Après l’incident, plusieurs responsables politiques ont demandé la démission d’Éric Dupond-Moretti. Le député socialiste Jérôme Guedj a lui affirmé sur France 2 qu’il « ne voyait pas comment la cheffe de l’exécutif pourrait conserver un ministre dont l’attitude elle-même (va) à l’encontre de cette exigence d’exemplarité » de l’Assemblée nationale. Il a déploré n’avoir « rien entendu venant de l’exécutif », dénonçant « une sorte d’impunité », « un signal désastreux ».

La présidente du groupe RN Marine Le Pen a estimé sur Twitter que ces bras d’honneur « discréditent » Éric Dupond-Moretti « dans les fonctions éminentes qui sont les siennes » et que « c’est à la Première ministre, maintenant, de prendre ses responsabilités ». « Dans n’importe quelle autre démocratie la Première ministre aurait exigé sa démission », a renchéri le premier secrétaire du PS Olivier Faure.

Bien que moins nombreux, quelques élus Les Républicains ont fait de même. « Un ministre peut-il rester en poste tout en insultant des parlementaires ?  », a ainsi questionné Pierre-Henri Dumont, député LR du Pas-de-Calais et critique de la réforme des retraites.

Sur RTL ce mercredi matin, le porte-parole du gouvernement a appelé ses collègues à être « absolument exemplaires. » « C’est-à-dire qu’il faut qu’on se tienne et qu’on se comporte encore mieux dans le cadre d’un débat public qu’on se comporte dans le quotidien », a estimé Olivier Véran. Mais selon lui, l’affaire est close : « Je note qu’il s’est excusé, il était important qu’il le fasse, qu’il a expliqué que son geste ne ciblait pas le député, qu’il ne le fera plus », a-t-il ajouté, avant de préciser à l’issue du Conseil des ministres que le sujet n’avait pas été évoqué par Emmanuel Macron.

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