Élisabeth Borne a choisi la Réunion pour son déplacement dans les Outre-mer et pas Mayotte

Pour son premier déplacement dans les Outre-mer depuis son arrivée à Matignon, Elisabeth Borne se rend à la Réunion. Elle ne passera pas sur l’île de Mayotte, pourtant voisine, et empêtrée dans une opération controversée de lutte contre l’immigration clandestine
Pour son premier déplacement dans les Outre-mer depuis son arrivée à Matignon, Elisabeth Borne se rend à la Réunion. Elle ne passera pas sur l’île de Mayotte, pourtant voisine, et empêtrée dans une opération controversée de lutte contre l’immigration clandestine

POLITIQUE - Faire d’une pierre un coup. Ce jeudi 11 avril, la Première ministre Élisabeth Borne quitte Paris pour trois jours dans l’Océan Indien. Pour son premier déplacement dans les Outre-mer depuis son entrée à Matignon, la cheffe du gouvernement a choisi la Réunion. Sans passage prévu à Mayotte, pourtant à seulement deux heures d’avion et où se déroule une opération massive et controversée contre l’immigration irrégulière.

À Matignon, on se réjouit d’un déplacement « symbolique » pour marquer la première année d’Élisabeth Borne à la tête du gouvernement. La Première ministre veut « aller au contact » de la population pour « comprendre » et « répondre » aux « préoccupations quotidiennes », fait-on valoir.

« Incompréhensible » de ne pas venir à Mayotte

Ces préoccupations seront exclusivement réunionnaises, au grand dam de Mansour Kamardine, député LR, qui réclame un détour par Mayotte. L’île étant proche de la Réunion - les deux sont séparées par Madagascar -, il n’est pas rare que l’exécutif profite d’un déplacement dans la zone pour visiter les deux collectivités et en 2019, c’est le choix qu’avait fait Emmanuel Macron. L’élu mahorais juge la venue de la Première ministre d’autant plus logique que l’île est mobilisée depuis fin avril autour de l’opération Wuambushu, qui vise à déloger et renvoyer vers les Comores tous les habitants entrés illégalement. Mais le succès n’est pas tout à fait au rendez-vous, entre un revers judiciaire et le refus partiel des Comores d’accueillir les expulsés.

Le député LR, partisan d’une politique migratoire stricte, réclame donc la venue de la Première ministre pour « réaffirmer par sa présence la souveraineté française ». « Il serait incompréhensible qu’à l’occasion de ce déplacement vous ne veniez pas à Mayotte », écrit-il dans un courrier adressé à Matignon le 7 mai.

Il s’est heurté à une fin de non-recevoir. « Actuellement il y a une opération interministérielle de sécurité en cours. Dans ces circonstances, les voyages officiels d’un ministre et a fortiori d’un Premier ministre, sont la dernière chose dont les fonctionnaires engagés sur le terrain ont besoin », évacue-t-on rue de Varenne sans s’avancer sur une future échéance.

La Réunion de l’expérimentation

Ce sont donc trois jours 100 % réunionnais qui attendent Élisabeth Borne; elle entend les consacrer à deux choses : « défendre l’action du gouvernement et sa nouvelle feuille de route » et redire, dans les Outre-mer cette fois, la volonté du couple exécutif d’avancer et ainsi tourner la page de la séquence retraites.

Au programme sont donc prévues des séquences agriculture et souveraineté alimentaire avec le ministre Marc Fesneau, transition écologique en compagnie de Christophe Béchu, et une autre « habitat » cette fois avec Olivier Klein. La Première ministre est aussi attendue sur la commune de Salazie, dont l’accès est difficile, pour l’inauguration de la maison France Service. « On est sur les derniers mètres du service public de proximité », souligne Matignon pour mettre en avant cet engagement d’Emmanuel Macron.

Mais la dernière séquence, consacrée à l’emploi, est sans doute la plus importante pour les projets du couple exécutif. Élisabeth Borne se rendra samedi à l’agence France Travail (ex-Pôle Emploi) de Saint-Leu-les Trois Bassins, un déplacement qui n’a rien d’anodin alors que le gouvernement planche sur la loi « Plein Emploi » attendue en Conseil des ministres d’ici la fin du mois. Ces deux communes expérimentent depuis fin avril l’accompagnement renforcé des bénéficiaires du RSA, conditionné à un contrat d’engagement, une mesure que le gouvernement souhaite généraliser et qui fait frémir jusqu’à Martin Hirsch, initiateur du revenu de solidarité active. La venue d’Élisabeth Borne doit « mettre en lumière le partenariat développé entre le gouvernement et le département pour ramener à l’emploi les bénéficiaires du RSA. C’est un objet valorisé dans le cadre de ce déplacement », assure Matignon.

Après des semaines chahutées dans l’Hexagone, Élisabeth Borne profitera-t-elle de quelques jours de calme, tournée vers l’avenir comme elle a été priée de le faire par le président de la République ? La visite n’a pas lieu dans un territoire acquis à la majorité présidentielle. Six des sept députés réunionnais sont membres de l’intergroupe NUPES et dans ce département où 36% des habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté et où les pensions sont les plus faibles de France, la réforme des retraites a soulevé un fort mécontentement. La venue de la Première ministre risque de faire reprendre la sauce, et les casseroles (ou plutôt marmites) avec.

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