Élisabeth Borne égale la longévité d'Édith Cresson comme Première ministre

Bientôt un record pour Élisabeth Borne. À partir de ce lundi, le bail de la Première ministre à Matignon égalera celui de la seule femme qui l'a précédée à ce poste, Édith Cresson, en atteignant 10 mois et 18 jours. L'échéance est regardée de près par l'Élysée. Envisager un remplacement avant ce terme aurait été "dramatique dans le souvenir que ça laisserait", note un conseiller.

Reste à savoir de combien de jours se prolongera l'aventure de l'ancienne ministre des Transports. Si l'option d'un remplacement a été exclue par Emmanuel Macron jusqu'ici, elle est plausible tant Élisabeth Borne est fragilisée par la réforme des retraites.

"Élargir" la majorité

Déjà dans une position délicate du fait de sa majorité relative à l'Assemblée nationale la poussant au compromis, la cheffe du gouvernement paye désormais une très impopulaire réforme des retraites et l'usage sur ce texte du 49.3, par lequel elle a engagé sa responsabilité pour se passer du vote des députés. À l'occasion d'une motion de censure transpartisane, son sort s'est joué à 9 voix près.

Désormais, la Première ministre consulte tous azimuts, dans le but notamment d'"élargir" sa majorité relative, et d'exécuter ainsi le plan de bataille qu'Emmanuel Macron avait tracé lors de son interview télévisée à la fin mars.

Si les oppositions de gauche ont adressé une fin de non-recevoir à la cheffe du gouvernement, Marine Le Pen se rendra à Matignon et Élisabeth Borne s'entretiendra également avec l'intersyndicale ce mercredi.

La colère se concentre sur Emmanuel Macron

Comme elle, Édith Cresson s'est confrontée à l'absence d'une majorité absolue à l'Assemblée nationale, mais il ne lui manquait que quelques députés et non une quarantaine. La socialiste avait elle aussi eu recours de nombreuses fois au 49.3, utilisant par 8 fois l'article couperet. Soit un peu moins que l'actuelle Première ministre qui l'a dégainé à 11 reprises.

Les comparaisons s'arrêtent là. Élisabeth Borne n'a pas été, à la manière d'Édith Cresson, contestée par les barons du PS sur fond de sexisme ambiant. La cheffe de Matignon trouve néanmoins encore "super sexiste" que certains lui reprochent de ne pas "bouffer des entrecôtes en buvant de la bière".

Mais, à l'inverse d'Édith Cresson, ce n'est pas sa figure qui "cristallise" la "colère", note l'historien Jean Garrigues, auteur de "Élysée contre Matignon" (Tallandier, 2022). Si bien que "la présidence jupitérienne pourrait valoir une plus grande longévité" à sa Première ministre, avance l'historien.

Article original publié sur BFMTV.com