Aux élections sénatoriales 2023, Renaissance, le RN et LFI paient leur déficit d’implantation locale

Hémicycle du Sénat photographié en 2020 (illustration)
THOMAS SAMSON / AFP Hémicycle du Sénat photographié en 2020 (illustration)

POLITIQUE - À l’issue des élections législatives en 2022, les commentateurs s’accordaient sur un point : le paysage politique français se divise en trois blocs (gauche, centre et extrême droite) où les vieilles formations, comme Les Républicains et le Parti socialiste, peinent à exister. Un théorème auquel le Palais du Luxembourg reste manifestement hermétique puisqu à l’issue des élections sénatoriales de ce dimanche 24 septembre, aucun bouleversement n’est à signaler à la chambre haute du Parlement.

Comme avant le scrutin, c’est la droite qui domine le Sénat ; président du groupe LR candidat à sa réélection, Bruno Retailleau salue même une « majorité sénatoriale confortée » même si les résultats définitifs pourraient acter la perte d’une poignée de sièges. Suivent les Socialistes dont le groupe présidé par Patrick Kanner grossit de quelques postes.

Renaissance et ses 170 députés à l’Assemblée ? Pas plus d’une vingtaine de sénateurs. Encore plus douloureux pour le mouvement macroniste, la seule ministre candidate, Sonia Backès (secrétaire d’État à la citoyenneté) a été battue, tout comme l’ancienne ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon. Chef de file des sénateurs LR, Bruno Retailleau n’a pas manqué de souligner la « déconnexion du macronisme avec le terrain ».

Un scrutin spécifique

Le Rassemblement national et ses 88 députés ? Trois sénateurs. Le parti d’extrême droite a beau applaudir un score « inédit », il reste famélique au regard de sa présence à l’Assemblée nationale. D’autant que la formation lepéniste progresse d’un seul siège par rapport à 2014 et l’entrée des deux sénateurs FN d’alors, Stéphane Ravier et David Rachline.

Faible, la performance est tout de même bien meilleure que celle de la France insoumise, qui n’a pas réussi à envoyer un seul élu au Sénat. Et ce n’est pas la revendication par Jean-Luc Mélenchon de la victoire d’une candidate PLR à la réunion (soutenue localement par le député LFI Jean-Hugues Ratenon et d’autres formations de gauche) qui y changera quelque chose.

À l’inverse, des partis souvent décrits comme moribonds, à l’image du Parti socialiste, font la démonstration d’une résistance qui tranche avec la chute d’influence qu’ils accusent depuis 2017. Illustration dans les Landes où les deux sénateurs socialistes, Monique Lubin et Éric Kerrouche, ont largement été réélus dès le premier tour dans ce fief historique du parti à la rose. Des performances qui s’expliquent par la spécificité des élections sénatoriales, où les élus sont choisis au suffrage indirect. C’est-à-dire que ce sont des grands électeurs qui votent.

Le miroir des municipales de 2020

Et au regard de la composition du collège électoral, où les élus municipaux sont représentés à 95 %, les formations fortes nationalement mais faibles localement sont logiquement pénalisées. Lors des élections municipales de 2020, le parti présidentiel avait subi une sévère déroute (la perte de son seul sénateur à Paris en est l’illustration), quand le Rassemblement national perdait la moitié de ses conseillers municipaux.

« Les dernières municipales nous ont enlevé tout espoir de gain substantiel », expliquait un sénateur Renaissance, désabusé, cité par l’AFP. Quant à la France insoumise, elle n’avait guère fait mieux, avec des listes pour la plupart éliminées au premier tour.

De quoi effectivement tenir nombre de candidats de ces trois formations à distance du Palais du Luxembourg. « Le Sénat est une deuxième vague des élections locales. On a cette tendance à la reconduction parce qu’il y a une confiance très forte qui est accordée aux élus locaux », décryptait depuis le plateau de Public Sénat la constitutionnaliste Anne Charlène Bezzina.

À l’inverse, Europe Écologie Les Verts, (qui avait connu une percée lors des dernières élections municipales) observe une progression de quatre sièges au Sénat ce dimanche 24 septembre, se payant par ailleurs le luxe d’envoyer à la Chambre Haute des têtes d’affiche comme Yannick Jadot ou de gâcher les rêves de grand chelem de Gérard Larcher dans les Yvelines.

Un gain qui s’explique certes par une capacité d’alliance à gauche qui a fait défaut à la France insoumise sur ce scrutin, mais aussi par un maillage territorial renforcé. « Les écologistes n’ont jamais eu autant de parlementaires que ce soir », s’est félicitée sur Public Sénat la sénatrice écolo Mélanie Vogel. Dans le même genre, le parti d’Édouard Philippe, fort d’un important tissu d’élus locaux, engrange aussi des victoires notables. Comme dans l’Orne, où le candidat philippiste Olivier Bitz a battu le sénateur LR sortant Vincent Segouin.

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