Élections sénatoriales 2023 : les (quelques) enjeux nationaux d’un scrutin qui ne devrait rien bouleverser

Sauf (énorme) surprise, les forces en présence ne devraient pas être ébranlées. En revanche, quelques détails ne manqueront pas d’attirer l’attention.

POLITIQUE - Si leur date est cochée sur les agendas de toutes les formations politiques, ces élections sénatoriales 2024, qui concernent le sort de 170 sièges, ne sont pas parties pour faire trembler les murs du Palais du Luxembourg. Et pour cause, de l’avis de nombreux spécialistes (y compris celui des principaux concernés) la chambre haute du Parlement devrait conserver sa majorité de droite.

Une situation qui s’explique par la constitution du collège électoral, actuellement favorable à la formation présidée par Éric Ciotti. Président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau ne disait pas autre chose dans une interview à Public Sénat, pronostiquant une « stabilité » à l’issue du scrutin.

À droite, rien de nouveau

« On va avoir le même corps électoral que la dernière fois, c’est-à-dire plutôt avantageux, avec des élections municipales qu’on a gagnées, et des départementales et régionales qu’on a gagnées », admettait le Vendéen au mois de février, n’écartant pas la possibilité de grappiller quelques sièges supplémentaires.

Seul semblant de frisson pour la droite — et encore — la remise en jeu du siège de Gérard Larcher, président du Sénat mais aussi sénateur des Yvelines. Mais là encore, les jeux semblent faits. Le deuxième personnage de l’État vise même le grand chelem, c’est-à-dire six élus sur six possibles, dans son département où il a été élu pour la première fois sénateur en… 1986.

La seule vraie incertitude, bien que marginale, pour Les Républicains concerne le nombre d’élus Horizons (le parti d’Édouard Philippe) qui gagneront le Palais du Luxembourg. Ce qui pourrait, éventuellement, rogner sur le gâteau de Bruno Retailleau dans la mesure où Édouard Philippe dispose d’un important tissu d’élus locaux de droite qui pourrait lui permettre de jouer les trouble-fêtes.

Dans le même temps, une progression de sénateurs philippistes pourrait aussi se faire au détriment de l’équilibre des élus macronistes, sans toutefois menacer l’effectif global des troupes tenues par François Patriat. « J’espère qu’on maintiendra le niveau du groupe, qu’on fera réélire tous les sortants, voire qu’on pourra un peu progresser, gagner des sièges », expliquait à Public Sénat François Patriat, sénateur de la Côte d’Or. Faute d’accord, Renaissance, Horizons et le MoDem sont partis séparés dans plusieurs départements.

À gauche, non plus

Côté socialiste, on ne s’attend pas non plus à un grand chambardement. Également cité par Public Sénat, Patrick Kanner, le patron des sénateurs roses, utilise les mêmes mots que son homologue des LR : « stabilité ». L’élu nordiste, qui mise sur des « surprises » pour voir les trois groupes de gauche « passer la barre » des 100 sénateurs - sur 91 actuellement - n’imagine pas de déperditions au sein de son groupe, comptant actuellement 64 élus.

Pour les écolos, les regards seront portés sur la probable élection de Yannick Jadot, qui figure en position éligible sur la liste portée par le sénateur socialiste sortant Rémi Féraud. L’alliance scellée avec les autres formations de gauche permet aux Verts d’espérer progresser de plusieurs sièges (de 3 à 8 selon les estimations). Mais pas de quoi, une fois encore, bouleverser les équilibres. Même chose côté communiste, où l’on compte préserver l’essentiel des troupes afin de conserver le groupe. Seule certitude : il ne sera plus présidé par Eliane Assassi qui quitte ses fonctions après son dernier coup d’éclat lors de la commission d’enquête « McKinsey » sur le poids des cabinets de conseils privés dans l’administration.

La seule question qui agite la gauche est celle de l’entrée (ou non) de sénateurs insoumis. Pour rappel, les prétendants mélenchonistes ont été exclus des tractations à gauche, non sans créer de mélodrames. Une hypothèse qui a — en réalité — quasiment aucune chance de se produire, puisque La France insoumise compte très peu d’élus locaux. C’est notamment en raison de cette faible implantation que les autres forces de la gauche ont décidé de faire sans eux et, ainsi, se priver de l’étiquette NUPES comme elle existe à l’Assemblée nationale.

Vers des élus RN ?

C’est la question que tout le monde se pose : le RN peut-il faire une entrée remarquée au Palais du Luxembourg ? En interne, et malgré un cruel déficit d’élus locaux, on ne désespère pas de voir des élus à la flamme tricolore gagner des sièges. « Vous verrez qu’il y en aura », pronostiquait depuis Beaucaire l’eurodéputé Thierry Mariani devant une grappe de journalistes. « Il peut y avoir une surprise », renchérissait le maire de Perpignan Louis Aliot, frustré de la donne dans son département des Pyrénées-Orientales, où des victoires s’annoncent compliquées en raison du scrutin majoritaire, « alors que le Rassemblement national a fait le grand chelem aux législatives ».

« En revanche, c’est jouable dans le Pas-de-Calais, dans le Nord et en Moselle », pronostiquait l’historique du parti, en raison du fait que dans ces trois départements, où le RN compte quelques élus, c’est le scrutin proportionnel qui s’applique. Ce qui pourrait permettre au parti de Jordan Bardella de signer son retour au Sénat, d’autant que le parti d’extrême droite a perdu son seul sénateur, Stéphane Ravier, passé chez Reconquête ! en 2022 et que David Rachline a préféré conserver la mairie de Fréjus en 2017. Sauf surprise, il est toutefois peu probable que le RN obtienne les dix sièges nécessaires à la création d’un groupe. À moins que les grands électeurs n’en décident autrement.

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