Élections européennes : Emmanuel Macron s’offre un dernier réquisitoire contre l’extrême droite

Emmanuel Macron en interview sur TF1 et France 2 le 6 juin 2024.
Capture écran TF1/France 2 Emmanuel Macron en interview sur TF1 et France 2 le 6 juin 2024.

POLITIQUE - C’était un moment consacré à l’international. En théorie en tout cas, et en partie oui. En direct du 20-Heures de TF1 et France 2 à Caen après les cérémonies pour les 80 ans de la Libération ce jeudi 6 juin, le président de la République est revenu sur la guerre entre l’Ukraine et la Russie, a redit sa position sur un État Palestinien. Mais il en a aussi profité pour en remettre une couche sur les dangers d’une victoire de l’extrême droite en Europe, alors qu’en France, la liste Rassemblement national de Jordan Bardella fait la course en tête.

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Interrogé par Anne-Sophie Lapix sur sa promesse de tout faire limiter le raz-de-marée de l’extrême droite dans les urnes, Emmanuel Macron ne s’en est pas caché : « C’est ce que je suis en train de faire, en parlant, en essayant de convaincre », a-t-il lancé.

Et pour cela, le président a agité la menace d’une « minorité de blocage » de l’extrême droite au Parlement européen « si demain la France envoie une très grande délégation d’extrême droite (et) si d’autres pays le font ». Dans la lignée de son discours à la Sorbonne, il a repris son mot d’ordre d’une Europe « mortelle » et qui « n’a jamais été aussi menacée ». Mais dans les dernières 24 heures de la campagne, le chef de l’État a ajouté à son discours une dimension patriotique très stratégique dans le duel qui l’oppose à la liste de Jordan Bardella.

« Europe des vaccins » vs « chloroquine »

Tout d’abord, énumérer les risques d’une poussée de l’extrême droite, pour l’Europe mais aussi pour la France. Ainsi sur la réponse à la pandémie de coronavirus avec, à la place de « l’Europe des vaccins », « des gens qui vous donneront de la chloroquine ou du vaccin Sputnik » ; sur l’économie avec le refus de voter le plan de relance ; et enfin, sur l’immigration, terrain de prédilection du Rassemblement national et de Reconquête ! « Si vous avez demain l’extrême droite qui a une minorité de blocage en Europe, face à l’immigration clandestine que nous subissons, vous n’aurez plus les textes qui nous protègent parce qu’ils croient à la réponse nationaliste et pas européenne », a-t-il affirmé.

Le chef de l’État a aussi évoqué la situation internationale explosive, les « risques terroristes », le développement de l’IA mais aussi « le défi climatique ». Autant de thèmes de cette campagne européenne susceptibles de toucher des électeurs qui restent peu mobilisés pour le scrutin. « Posez-vous la question, face à chacun de ces défis, est-ce qu’on est plus fort Français, ou Français et européen ? La réponse c’est l’Europe », a-t-il déclaré.

Macron appelle à « un sursaut » par « patriotisme »

En revendiquant le « patriotisme » de son appel à « un sursaut », Emmanuel Macron s’est adressé à l’électorat tenté par les partis d’extrême droite qui font de la perte de la souveraineté de la France un argument de campagne. En témoigne cette séquence du débat face à Gabriel Attal, où Jordan Bardella avait évoqué (à tort) une supposée perte du droit de veto de la France, présenté comme « le projet caché » de Renaissance et de ses alliés.

« Ne pas allez voter, c’est laisser l’avenir de notre continent et de notre pays à d’autres. (...) Aujourd’hui je me bats pour convaincre le maximum de mes compatriotes à aller voter, aider la France à être plus forte en Europe et aider l’Europe à être plus forte pour protéger la France », a exhorté le président de la République.

Alors que la campagne officielle s’achève vendredi 7 juin à minuit, l’interview du président de la République avait fait grincer des dents dès son annonce. Plusieurs partis d’opposition avaient saisi l’Arcom, reprochant de « faire campagne à un moment où plus personne ne pourra lui répondre ». Des critiques balayées d’emblée par le chef de l’État ce jeudi soir, qui a répliqué : « J’ai du mal à comprendre comment parler de la Russie, de ce qui se joue à ces élections européennes, c’est ne pas être dans mon rôle. »

Mais nationaliser le scrutin de la sorte n’est pas sans risque, alors que des voix s’élèvent, au RN mais pas uniquement, pour tirer des leçons franco-françaises des résultats de dimanche soir. « J’entends toujours les messages, ce n’est jamais anecdotique », a assuré Emmanuel Macron. Tout en appelant à « faire les choses dans le bon ordre », c’est-à-dire, en premier lieu, « aller voter ». La suite, dimanche soir.

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