Élections européennes : Bardella, Glucksmann, Hayer, Aubry… Ce qu’ils ont voté sur la PAC

Des eurodéputés votent lors d’une session plénière au Parlement européen à Strasbourg le 23 avril 2024.(Photo by FREDERICK FLORIN / AFP)
FREDERICK FLORIN / AFP Des eurodéputés votent lors d’une session plénière au Parlement européen à Strasbourg le 23 avril 2024.(Photo by FREDERICK FLORIN / AFP)

EUROPÉENNES - Après trois ans et demi de négociations, le Parlement européen parvenait enfin à s’entendre sur la réforme de la PAC. En novembre 2021, les eurodéputés votaient la politique agricole commune (PAC) pour la période de 2023-2027, entrée en vigueur en janvier de l’année dernière. Les élus vont devoir se prononcer sur sa simplification ce mercredi 24 avril. Dans leur ligne de mire : une partie des critères « verts » que la nouvelle PAC impose et que la Commission européenne propose d’assouplir, voire de supprimer.

Avec son projet de loi agricole, le gouvernement prend le risque de ne pas mettre un terme à la crise

Avec la crise agricole qui a marqué le début d’année, l’agriculture est l’une des thématiques centrales de la campagne pour les élections européennes. Mais qu’avaient voté les têtes de liste à l’époque ? Le HuffPost est allé regarder le vote final du 23 novembre 2021.

Raphaël Glucksmann (PS), Manon Aubry (LFI) et Marie Toussaint (Écologistes) s’étaient prononcés contre, et Jordan Bardella (RN), Valérie Hayer (Renaissance) et François-Xavier Bellamy (LR) avaient voté pour. Pour autant, à droite on déplorait que le texte soit trop contraignant sur les normes environnementales, quand à gauche on le jugeait, au contraire, pas assez ambitieux.

Du « greenwashing »

La réforme de la PAC avait pour but d’être plus « verte » en se conformant aux objectifs environnementaux fixés à l’échelle européenne. Elle prévoit notamment une baisse des pesticides de 50 % d’ici 2030 et les États doivent prévoir des programmes écologiques et y consacrer en moyenne 25 % de leurs paiements. Mais pour les ONG comme les Écolos, il s’agit en réalité d’un « greenwashing ». Sans surprise, Manon Aubry et Marie Toussaint ont donc voté contre, comme la majorité de leur groupe, respectivement « The Left » et les « Verts ».

Le groupe des sociaux-démocrates dont fait partie Raphaël Glucksmann était plus divisé sur cette nouvelle réforme. Mais la tête de liste des socialistes avait voté contre et n’hésite pas à s’en targuer pour critiquer ses concurrents de droite : « Quand il s’agit de défendre les éleveurs, les agriculteurs qui bossent 70 heures par semaine et touchent 700 euros par mois, il n’y a pas le Rassemblement national puisqu’ils votent la PAC actuelle qui a renationalisé, en fait, les politiques agricoles communes » a-t-il dénoncé le 26 février sur franceinfo, en rappelant que la réforme a été adoptée grâce à l’alliance des représentants de Renaissance avec la droite et l’extrême droite.

Plus de place laissée aux États

Car l’autre principe mis en avant dans cette nouvelle PAC concerne la latitude réservée aux États. Si le budget reste communautaire, avec une enveloppe d’environ 50 milliards par an jusqu’à 2027, chaque État doit définir des plans stratégiques nationaux.

Renew, le groupe dirigé par Valérie Hayer saluait au contraire cet élargissement du cadre européen, à l’instar de son collègue Jérémy Decerle qui vantait auprès du Monde le jour du vote « un cadre européen plus large qui permet [aux États membres] de tenir compte de leurs spécificités, de leur climat, de leur historique. » Mais cette souplesse, qui a entraîné la multiplication des règles et des procédures, fait actuellement l’objet de la colère du monde agricole.

Les contradictions de Bardella

François-Xavier Bellamy a aussi suivi son groupe, le « Parti populaire européen » (PPE), qui voyait dans cette réforme un soutien au revenu des agriculteurs. Sa collègue Anne Sander avait déclaré « On a défendu une PAC environnementale mais avec un volet économique fort en faveur des agriculteurs ».

Le groupe « Identité et démocrate » (ID)dont fait partie Jordan Bardella a également dans sa majorité approuvé la réforme de l’époque, malgré le rejet de leurs amendements visant à limiter les contraintes environnementales. Plus étonnant, la tête de liste du RN a voté contre des amendements visant à réduire les écarts des aides touchés par les plus gros agriculteurs au détriment des plus petits, comme le note Le Monde.

Ce sont les mesures environnementales, et non sociales, qui font l’objet d’un détricotage ce mercredi. Il s’agit d’une procédure d’urgence pour calmer la colère agricole avant de, pourquoi pas, pouvoir réadapter la PAC une fois le parlement renouvelé.

À voir également sur Le HuffPost :

Européennes 2024 : la normalisation du Rassemblement national mise à mal par ses recrues

Européennes 2024 : Pourquoi Mélenchon mise-t-il autant sur les universités, de Lille à Sciences Po ?