Élections européennes 2024 : l’AfD, le boulet allemand du Rassemblement national
POLITIQUE - Au Parlement européen, mieux vaut avoir des amis si on veut vraiment exister. Mais ces amis peuvent parfois s’avérer embarrassants. À quelques semaines des élections européennes, le Rassemblement national peut en témoigner.
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Depuis 2019, les 18 eurodéputés du Rassemblement national se retrouvent au sein du groupe ID, Identité et Démocratie, un groupe d’extrême droite dont sont membres d’autres partis européens à l’idéologie proche : La Ligue pour l’Italie par exemple mais aussi l’AfD, Alternative für Deutschland, en Allemagne. Des partis d’extrême droite et eurosceptiques qui sont donc des alliés naturels du Rassemblement national.
Or, ces derniers mois et à l’approche des élections européennes, l’AfD commence à être bien encombrant pour le parti français. D’abord, parce que depuis plusieurs années, les deux partis ne sont plus sur la même longueur d’onde, l’Allemand assumant sa radicalité et ses idées racistes, le Français misant tout sur la refonte de son image et sur sa dédiabolisation.
Une alliance au bord de l’implosion
C’est en janvier dernier que l’alliance a bien failli exploser. Le média d’investigation Correctiv publie une enquête révélant l’existence d’un « plan Remigration » fomenté par l’AfD et des membres de la mouvance néonazie pour expulser d’Allemagne les étrangers et les citoyens allemands « non assimilés ».
Outre-Rhin, ces révélations provoquent un choc immense dans le pays, poussant les Allemands à sortir dans la rue. L’émoi atteint la France et le RN monte au créneau pour creuser un fossé avec le parti allemand à quelques mois des élections européennes. « Que les choses soient extrêmement claires, s’indigne Marine Le Pen le 25 janvier lors de ses vœux à la presse. Je suis en total désaccord avec la proposition (...) qui aurait été discutée ou aurait été décidée dans le cadre de cette réunion. »
Le déjeuner de la réconciliation
Alors que le RN se montre prêt à rompre avec son homologue allemand, en février, un déjeuner entre Marine Le Pen et Alice Weidel, coprésidente de l’AfD, semble suffire à les rabibocher. Mais, déjà quelques mois plus tard, les provocations se multiplient et les divergences refont surface. Mercredi 17 avril, Alice Weidel suggère par écrit au Parlement allemand de se prononcer sur la restitution aux Comores de Mayotte, département français cher à Marine Le Pen.
Justement en déplacement à Mayotte quelques jours plus tard, la patronne du RN se dit fâchée de la situation et appelle l’AfD à, je cite, « s’occuper des problèmes de l’Allemagne ». Finalement, le 22 avril, l’annonce de l’arrestation de l’assistant d’un eurodéputé de l’AfD soupçonné d’espionnage pour la Chine vient fragiliser encore un peu plus une relation déjà bien torturée, d’autant que l’eurodéputé en question était lui-même soupçonné de travailler avec la Russie.
Au Parlement européen, ce n’est qu’après le 9 juin que les alliances se feront et se déferont, mais pour le RN, le choix reste limité : à la fois parce que tout accord avec Fratelli d’Italia, le parti de l’Italienne Giorgia Meloni, moins eurosceptique et plus atlantiste, semble irréaliste, mais aussi parce qu’il paraît difficile pour le parti français de se couper de l’AfD, dont l’ascension électorale est fulgurante en Allemagne, et enfin parce que le RN souhaite élargir le groupe ID pour gagner en influence au Parlement européen. Reste au Rassemblement national de décider s’il vaut mieux être seul que mal accompagné.
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