Élections européennes 2024 : François-Xavier Bellamy face au péril de faire pire qu’en 2019

Francois-Xavier Bellamy photographié le 19 mars au siège des Républicains (Photo by Ludovic MARIN / AFP)
LUDOVIC MARIN / AFP Francois-Xavier Bellamy photographié le 19 mars au siège des Républicains (Photo by Ludovic MARIN / AFP)

POLITIQUE - Dimanche 26 mai 2019. Méconnu du grand public, le candidat Les Républicains aux élections européennes désigné par Laurent Wauquiez, François-Xavier Bellamy, découvre son score : 8,48 % des voix. Un camouflet pour la formation de droite qui, pour la première fois de son histoire passe sous la barre des 10 % lors d’un scrutin national.

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Les caciques de l’ex-UMP déplorent le « séisme » qui secoue leur famille politique, et un homme en fait directement les frais en démissionnant de la présidence du parti une semaine plus tard. « Les victoires sont collectives, les défaites sont solitaires. Il faut que je prenne mes responsabilités », annonce Laurent Wauquiez, poussé vers la sortie par Valérie Pécresse, Gérard Larcher ou encore Bruno Retailleau.

De quoi mesurer la violence de cette gifle électorale, d’autant que la liste LR était créditée d’au moins 13 % d’intentions de vote dans les dernières études précédant le scrutin. Cinq ans plus tard, et alors que François-Xavier Bellamy organise ce samedi 23 mars son premier meeting de campagne à Aubervilliers, la situation ne s’est guère améliorée. Au contraire.

Les sondages alarmants pour Bellamy

Selon notre compilateur de sondages, le Versaillais stagne laborieusement autour des 7 % d’intentions de vote. Soit plus près de la barre fatidique des 5 % qui permet d’avoir des élus que de celle des 10 % qui permettrait de sauver la face.

D’autant que la situation politique est autrement compliquée pour Les Républicains. Affaibli par le score historiquement bas réalisé par Valérie Pécresse à la présidentielle de 2022 (4,8 %), le parti d’Éric Ciotti doit en plus composer avec une majorité présidentielle qui barre à droite (au point de nommer Rachida Dati au ministère de la Culture), un Rassemblement national en quête de normalisation et l’intrusion du parti d’Éric Zemmour, avec comme tête de liste une candidate, Marion Maréchal, affichant un profil très proche de la tête de liste LR. De quoi donner à la campagne de François-Xavier Bellamy des airs de mission impossible.

« C’était déjà compliqué en 2019, quand la Macronie était venue piller LR, alors que François Fillon avait fait 20 % à la présidentielle, ce qui est un socle considérable. Là c’est encore pire, avec une part de la droite modérée toujours attirée par la majorité présidentielle et l’apparition de Reconquête!, qui agrège un électorat de droite radicalisé, à la sociologie très proche de celui de LR (plutôt urbaine, aisée, âgée etc.) », décrypte pour Le HuffPost Mathieu Gallard, directeur d’études chez Ipsos et coauteur d’une étude anticipant une progression de la droite radicale à l’échelle de l’UE.

Dilemme

Et ce ne sont pas les deux dernières recrues, l’agricultrice Céline Imart et le général Christophe Gomart, qui ont permis au parti de droite de bouleverser le jeu. Autre signal d’alarme pour LR, la dynamique de Jordan Bardella « qui a un profil qui correspond plus aux valeurs de LR que celui de Marine Le Pen » et qui « commence à progresser chez les classes moyennes, les CSP+ et les seniors », poursuit Mathieu Gallard.

Et le sondeur de résumer le dilemme dans lequel se trouve le parti présidé par Éric Ciotti : « soit ils se positionnent encore plus à droite, et ils peuvent perdre leurs électeurs modérés qui iront chez Renaissance, soit ils se recentrent, mais ça pourrait bénéficier au RN ou à Reconquête ! ». Seul vrai motif d’espoir pour François-Xavier Bellamy, les votes aux élections européennes « se fixent dans les tout derniers instants de la campagne », à l’inverse de l’élection présidentielle, où les dynamiques sont plus stables.

La tête de liste LR a donc deux mois et demi pour trouver la bonne formule qui le conduira à élargir son socle dans les derniers jours de la campagne. Sans cela, l’issue des élections européennes risquera d’être encore plus douloureuse pour Les Républicains, dont l’électorat résiduel pourrait prendre le chemin de la dislocation au profit des trois formations qui encerclent (déjà) le parti de droite.

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