Élections européennes 2024 : en Belgique, un dimanche de mégascrutin qui pourrait changer le visage du pays

Pour la Belgique, ce dimanche ne ressemble à aucun autre en Europe
KENZO TRIBOUILLARD / AFP Pour la Belgique, ce dimanche ne ressemble à aucun autre en Europe

ÉLECTIONS - Un méga-événement politique dont seule la Belgique a le secret en Europe et qui pourrait changer le visage du pays. Alors que les Français, les Italiens ou encore les Allemands élisent, ce dimanche 9 juin, leurs représentants au seul Parlement européen, nos voisins d’outre-Quiévrain ont choisi de faire d’une pierre trois coups.

Les sondages des européennes 2024 dans tous les pays européens compilés dans une carte

En plus des européennes qui les verront élire 22 eurodéputés, les Belges renouvelleront aussi les 150 députés du parlement fédéral, ainsi que les 288 élus qui siègent dans les parlements régionaux (Wallonie, Flandres, Bruxelles capitale). Les députés élus au niveau régional siègent également suivant différentes répartitions dans les parlements communautaires (Francophonie, Flamand, Germanophone). Seul le parlement pour la communauté germanophone, qui compte 25 élus, aura droit à un scrutin ce dimanche.

Six scrutins en une journée pour la Belgique

Au total ce sont donc cinq chambres qui vont potentiellement changer de visage. Et pas question de traîner la patte pour se rendre dans l’isoloir puisqu’en Belgique le vote est obligatoire à partir de 18 ans, au risque d’écoper d’une amende pouvant allant de 40 à 80 euros. Surtout, c’est la première fois que les 16-17 ans pourront eux aussi voter - mais seulement aux européennes et sans être sanctionné en cas de manquement. Un nouvel élément à prendre en compte pour les partis et les sondages.

En matière d’enjeux : Bruxelles et la Wallonnie devraient voir Le Mouvement réformateur, de centre droit, tirer son épingle du jeu. Selon des sondages de fin mai, il est donné au coude à coude avec le PS dans la région francophone, et largement en tête dans celle de la capitale. En revanche, en Flandres, c’est la formation d’extrême droite Vlaams Belang qui s’imposerait sans difficulté et pourrait être en mesure de faire pression pour intégrer l’exécutif régional. En deuxième position, une autre formation nationaliste : le N-VA de Bart de Wever, actuellement dans la coalition au pouvoir en Flandres.

Du côté des eurodéputés, le N-VA et le VB devraient faire au moins aussi bien qu’en 2019, où ils ont envoyé respectivement trois élus dans le contingent belge.

L’extrême droite en haut des sondages

Sur le plan fédéral aussi l’extrême droite se taille la part du lion. Le Vlaams Belang (VB) donné à plus de 25 %, peut espérer décrocher le plus gros groupe de députés à la Chambre : 26 sièges sur 150, selon de récentes projections.

L’exercice politique est fragile en Belgique. Le pays avait eu besoin de plus de 500 jours après les dernières élections de 2019 pour se doter d’un nouvel attelage gouvernemental. Résultat depuis 2020, le gouvernement se compose d’une coalition de sept partis, dite « coalition Vivaldi », qui réunit sociaux-démocrates, Verts, démocrates-chrétiens et libéraux sous la direction du Premier ministre libéral flamand Alexander De Croo.

Si socialistes et libéraux ont globalement tendance à se maintenir, le recul des écologistes est générale : Groen et Ecolo sont crédités à 4 % et 3 % au niveau fédéral. Ces derniers pourraient perdre jusqu’à 6 points en Wallonie.

Vers un nouveau blocage ?

Enfin, la dynamique morne des chrétiens-démocrates flamands pourrait tout aussi bien faire tanguer la coalition De Croo. De fait, expliquait la politologue Émilie van Haute, professeure de sciences politiques à l’Université libre de Bruxelles, à l’AFP : plus il y a de partis associés en coalition, plus il est difficile pour eux de défendre un bilan en campagne.

« Les électeurs ont du mal à identifier les responsabilités et cela se traduit par le fait de mettre tous les partis de gouvernement dans le même panier, dans un rejet global qui nourrit les extrêmes », poursuit la spécialiste.

Et aussi incroyable que cela puisse paraître, la situation de 2019 pourrait se répéter… en pire. De fait, outre le VB avec lequel les autres partis ne veulent pas former de coalition, le PTB pourrait voir son nombre de députés à la Chambre grimper à dix-neuf, contre douze actuellement. Or, la formation communiste du Parti du Travail juge que son programme de « rupture anticapitaliste » ne trouvera aucun soutien dans les autres partis. Soit un total de près de 45 députés possiblement exclus de toute coalition, quand la majorité est à 76. Les maths sont têtues.

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