"Les éléments se sont déchaînés": le mari d'une victime de la tempête meurtrière en Corse témoigne
"Nous avons vécu au paradis pendant vingt jours et là, je suis chassé du paradis." Sous le choc, très ému, Thierry Puyfoulhoux a accepté de revenir pour BFMTV sur les violentes intempéries qui ont meurtri la Corse ce jeudi et qui ont emporté sa femme, Odile, âgée de 60 ans. Quand la tempête s'est levée, avec des vents dépassant les 200 km/h, le couple fait le tour, en kayak, de l'île d'Eberlunga, en Haute-Corse.
"Nous faisions le tour de l'île. Nous en étions à notre dernier jour. Et puis, au large d'Eberlunga, la tempête s'est déchaînée. Ça a été très progressif", se rappelle Thierry Puyfoulhoux.
"Elle n'a pas réussi à monter dans le cockpit"
Rapidement, le kayak se retourne. Le couple s'accroche alors à "l'avant du bateau, qui flotte plus que l'arrière". Comme le relate Thierry, la situation se dégrade progressivement. "Les éléments se sont déchaînés peu à peu. Il y avait peut-être une vague sur huit qui déferlait et on se prenait une grosse claque dans la figure. Le plus dur, c'était que ça entraînait le bateau, ça nous forçait à nous accrocher", raconte-t-il.
Thierry et Odile restent accrochés au bateau pendant "deux heures". "Elle n'a pas réussi à monter dans le cockpit, même en l'aidant. Je lui ai dit de s'accrocher à l'étrave, de l'embrasser avec ses jambes et ses bras", poursuit-il.
"Elle ne bougeait plus"
"Nous avons progressé comme ça. Elle était toujours accrochée mais elle ne répondait plus. J'ai élevé la voix, elle ne répondait pas. Je suis sauté à l'eau, je suis allé la voir. Elle ne bougeait plus, elle avait un léger sourire. Les yeux semblaient encore vivants mais elle crachait de l'eau, de la mousse. J'ai essayé de la mettre sur le pont, sur le ventre, pour qu'elle crache l'eau, je n'y suis pas parvenu. À un moment, elle était devenue très lourde, et je me suis dit: 'elle est morte'", se souvient Thierry, effondré.
"Je me suis dit: le vent peut encore tourner, sauve ta peau'. J'ai rembarqué et j'ai visé la côte". Au bout d'une heure de navigation, Thierry est pris en charge par un voilier italien, qui donne l'alerte. Après avoir été repéré par un navire des douanes, le corps d'Odile a été hélitreuillé par les secours. Son mari, lui, a été pris en charge à l'hôpital de Bastia.
Les orages qui se sont abattus sur la Corse, qualifiés par Météo-France d'"exceptionnels", ont de nombreux dégâts matériels et cinq victimes: une adolescente autrichienne de 13 ans, tuée par la chute d'un arbre dans son camping, une septuagénaire, tuée par la chute d'un toit, un quadragénaire, également victime d'une chute d'arbre, ainsi qu'un pêcheur.