ÉDITO - Critiques de Jadot contre les écologistes: "Il y a aujourd'hui deux lignes chez les Verts"

Yannick Jadot, député européen EELV, le 27 août 2020 à Paris  - ERIC PIERMONT © 2019 AFP
Yannick Jadot, député européen EELV, le 27 août 2020 à Paris - ERIC PIERMONT © 2019 AFP

C'est un sujet qui monte depuis plusieurs jours: des polémiques provoquées par des propos tenus par certains membres d'Europe Écologie-Les Verts (EELV). À Bordeaux, c'est le maire Pierre Hurmic qui a fait part de son intention de supprimer le sapin de Noël car il ne souhaitait pas "d'arbres morts sur les places de la Ville", estimant que cela allait "à l'encontre de (leur) conception de la végétalisation".

À Lyon, Grégory Doucet a, lui, fait part de son opinion sur le Tour de France, "machiste et polluant". "Quand on défend les valeurs du sport, on défend l'égalité femmes-hommes. Il devrait y avoir un Tour de France féminin depuis longtemps. C'est la dernière épreuve d'envergure à ne pas avoir franchi le pas", avait déclaré l'édile lyonnais, estimant par ailleurs que la compétition n'était "pas écoresponsable".

Jadot s'oppose à certains écologistes

Vendredi, Jacques Boutault, adjoint à la mairie de Paris Centre, avait également critiqué la Grande Boucle, évoquant des "types hyper dopés qui ne gagnent que parce qu'ils se font changer leur sang dans des cliniques, voire une autre forme de dopage (...) mécanique. Avec des moteurs, des micromoteurs cachés dans les cadres des vélos".

Invité à réagir à ces prises ce parole lundi, Yannick Jadot a violemment fustigé les membres de son parti à l'origine de ces mots. "Je ne supporte pas ce mépris, je ne supporte pas cette façon d'insulter les Français, les classes populaires. C'est un mépris de classe qui est insupportable", a réagi le député européen sur Franceinfo.

Tentatives de clore la polémique

Sur BFMTV, le secrétaire national d'EELV Julien Bayou, a tenté de clore la polémique lundi:

"Il a été dit que le Tour de France devait s'adapter aux enjeux de l'écologie et du féminisme, et je constate qu'ils le font, puisque maintenant les remises de maillot sont faites par un homme et une femme. Je ne crois pas que le Tour de France se soit effondré pour autant", a indiqué le numéro un du parti.

"Pour nous, il n'y a pas de logique de mépris de classe. Nous soutenons le Tour de France. Simplement, nous sommes à la tête de collectivités. Quand on vous demande un million d'euros pour venir à la ville, c'est une dépense importante, (...) ça doit aussi aller avec des conditions. Le Tour de France peut générer jusqu'à 35 tonnes de déchets par étape", a-t-il ajouté. "Nous dénonçons un écolo-bashing", a estimé le conseiller régional d'Île-de-France.

"Ce qui déclenche (les attaques, NDLR)", a estimé dimanche le maire de Grenoble Éric Piolle, "ce ne sont pas les petites phrases, c'est le cap qui a été porté par les écologistes, un cap qui a été choisi par un grand nombre de Français et Françaises dans les grandes villes et villes moyennes".

Yannick Jadot "a évolué"

Pour l'éditorialiste de BFMTV Matthieu Croissandeau, ces passes d'armes sont symptomatiques de la coexistence de deux lignes politiques au sein de la formation politique.

"Il y a aujourd'hui deux lignes chez les Verts. Il y a celle incarnée par le maire de Grenoble, (...) qui s'est rapproché de Jean-Luc Mélenchon et qui défend la doxa du parti, et il y a celle incarnée par Yannick Jadot donc, qui estime que le socle électoral d'Europe Écologie-Les Verts est trop faible, trop fragile, trop restreint, et qui du coup lorgne vers le centre-gauche voire le centre-droit pour élargir sa base. Et pour l'instant, il faut reconnaître que Jadot a du mal", estime-t-il.

"Il faut reconnaître que pour le coup, c'est lui qui a évolué. Il y a encore un an, il se déclarait anticapitaliste, mais depuis qu'il se sent pousser des ailes notamment pour la présidentielle, il est allé déclarer au Medef qu'il était pour le capitalisme européen, pour le modèle social européen, contre le modèle américain ou chinois", ajoute l'éditorialiste.

En mai 2019, Yannick Jadot avait déclaré à Reporterre qu'il combattait "le capitalisme financier", et qu'en ce sens on "(pouvait) dire qu'(il était) anticapitaliste".

Article original publié sur BFMTV.com