Écoles, hôpitaux... Scandale au Royaume-Uni où des milliers de bâtiments publics menacent de s'effondrer

Au Royaume-Uni, le béton aéré utilisé jusqu'au milieu des années 1990 s'avère finalement défectueux. Des milliers de bâtiments menacent de s'effondrer.

Les Britanniques découvrent avec horreur qu'un grand nombre de bâtiments publics présentent des failles dangereuses pouvant mener à leur affaissement soudain. Plus d'une centaine d'écoles, d'hôpitaux, de tribunaux et d'immeubles du gouvernement sont en péril.

Tout a commencé par un message alarmant du gouvernement adressé en catimini à 156 écoles éparpillées à travers le pays. Dans ce message révélé par la presse britannique le 31 août, il est demandé à ce que les bâtiments restent fermés à l'approche de la rentrée des classes.

Des centaines d'élèves de tout niveau restent ainsi sur le carreau. Autre option, reprendre les bonnes habitudes nées de la crise du Covid-19, l'enseignement à distance.

Un toit s'est déjà effondré en 2018

Le problème de tous ces bâtiments se niche dans leurs fondements. Entre la fin des années 1950 et jusqu'au milieu des années 1990, des milliers de bâtiments publics - mais aussi certains privés - ont été construits avec du béton aéré (RAAC). Un matériau léger et aéré. Il possède plusieurs avantages, dont sa légèreté, mais aussi ses bonnes capacités isolantes.

Cependant le RAAC se détériore avec le temps et peu s'effondrer avec "peu ou sans avertissement", comme l'a mis en lumière un rapport du ministère de l'Éducation britannique en décembre 2022.

Ce dossier a mis en lumière les risques encourus en cas d'effondrement, ils s'attendent des blessures graves aux nombreuses morts. Le RAAC représente tout simplement "le plus grand risque pour la sécurité dans l'ensemble du domaine scolaire", selon un audit mené par le ministère.

En 2018, le toit d'une école primaire s'est par ailleurs déjà effondré sans avertissement. Heureusement, celui-ci s'est affaissé durant un week-end, alors que le bâtiment était complètement vide.

"L'ampleur du problème dépasse les écoles"

Au total, 572 écoles sur les 22.500 du pays pourraient avoir été construites avec ce type de béton. Des études sont en cours pour déterminer l'étendue exacte du danger. Mais comme l'a souligné Chris Goodier, professeur en ingénierie à l'université de Loughborough, "l'ampleur du problème est bien plus grande que les écoles".

En effet, le REEC menace aussi des hôpitaux. Plusieurs députés ont visité le 3 septembre un hôpital qui n'a pas été nommé, ils y ont découvert une situation "ahurissante".

"Les patients obèses doivent être traités au rez-de-chaussée, car leur poids combiné à celui des équipements est trop lourd pour être sécurisé", relate la députée travailliste Meg Hillier auprès du Times.

Au total, 34 hôpitaux seraient menacés par la présence de ce matériau. Des travaux auraient d'ailleurs débuté dans 7 d'entre eux.

L'état désastreux des bâtiments des services de santé publique (NHS) ont immédiatement relancé la question des fonds alloués par l'État à ce secteur régalien. Jon Richards, le secrétaire général adjoint du syndicat britannique Unison, a imputé "l'état périlleux" de tous les services publics à "des années de coupes budgétaires".

Les travaux ont été "retardés puis retardés" sans cesse a acquiescé Matthey Taylor, le directeur de l'organisation qui supervise les NHS.

Bombe politique

Les Britanniques découvrent groggys le danger qui dort sous leurs pieds depuis sans doute plusieurs années. La question qui agite le grand public: qui avait conscience de cette menace critique?

Le Guardian a mené son enquête. Dès 2002, un premier rapport mettait en évidence des "déformations et fissures excessives" dans les bâtiments construits avant les années 1980. Mais c'est en 2018 que le dossier a été mis sur la table de manière évidente.

Depuis, 13 expertises, rapports et autres enquêtes sur le bâti sont arrivées jusqu'aux plus hautes sphères politiques. Pourtant, en 2021, des coupes budgétaires auraient ralenti la rénovation et la reconstruction des bâtiments fragilisés.

Politiquement, le gouvernement s'avance sur une ligne difficile à défendre. La situation semble si tendue que la ministre de l'Éducation Gillian Geegan a perdu son sang-froid et lâché des jurons en pleine interview à la chaîne privée ITV.

La membre du gouvernement a depuis présenté ses excuses et asssuré être à la tâche. "Je sais que les parents sont inquiets. Je travaille sans relâche pour résoudre ce problème aussi rapidement que possible" a-t-elle ajouté. Un coup d'éclat qui pourrait lui coûter son poste.

Les conservateurs, au pouvoir au Royaume-Uni depuis 13 ans, voient d'un mauvais œil cette polémique à un an des législatives. Le camp de Rishi Sunak est trop régulièrement accusé d'avoir laissé dépérir les services publics. Ce nouveau scandale renforce naturellement les critiques.

Article original publié sur BFMTV.com

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