Échange de prisonniers entre l'Iran et les États-Unis, l'ONU espère une "baisse des tensions"
Un rare accord entre Téhéran et les Washington. Cinq ex-prisonniers américains en Iran sont arrivés lundi à Doha en provenance de Téhéran, en application d'un échange de détenus avec les États-Unis conclu avec la médiation du Qatar.
"Cela fait vraiment du bien de pouvoir dire que nos concitoyens sont maintenant libres", a réagi le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, qui dit avoir échangé avec les cinq ressortissants.
"Je peux vous dire que c'était pour eux, pour moi, une conversation émouvante", a-t-il confié.
L'accord prévoyait un transfert de fonds iraniens gelés en Corée du Sud, d'un montant de six milliards de dollars, et la libération par les États-Unis de cinq prisonniers iraniens. Deux d'entre eux, Mehrdad Moin-Ansari et Reza Sarhangpour, accusés d'avoir "détourné les sanctions américaines" contre l'Iran, sont eux aussi arrivés lundi à Doha, pour retourner en Iran. Les trois autres ex-prisonniers libérés ne souhaitent pas aller en Iran.
Aucune avancée à attendre sur le nucléaire, prévient Washington
Cet arrangement avait été annoncé le 10 août. Cinq Américains d'origine iranienne, détenus en Iran, avaient ensuite été transférés en août de leur prison pour être placés en résidence surveillée.
Parmi eux figure l'homme d'affaires Siamak Namazi, arrêté en 2015 et condamné à dix ans de prison en 2016 pour espionnage. "Merci président (Joe) Biden d'avoir fait passer la vie humaine avant la politique", a-t-il déclaré dans un communiqué.
Si l'ONU a dit lundi espérer "une plus grande coopération et une baisse des tensions" entre Téhéran et Washington, l'accord ne préjuge pas d'un possible accord sur le dossier du nucléaire iranien, moribond depuis le retrait unilatéral des États-Unis en 2018 sous la présidence de Donald Trump.
"Ce processus, les engagements qui ont été nécessaires pour faire libérer ces Américains détenus de façon injustifiés, ont toujours été séparés de nos engagements, ou de leur absence, avec l'Iran" sur le nucléaire, a déclaré Antony Blinken, douchant les espoirs de nouvelles discussions à ce sujet.
Biden promet de "continuer à sanctionner l'Iran"
Hasard ou coïncidence, les États-Unis ont annoncé lundi des sanctions contre le ministère du renseignement iranien et l'ancien président Mahmoud Ahmadinejad. Et le président américain Joe Biden a promis lundi de "continuer à sanctionner l'Iran pour ses actions provocatrices dans la région".
Le démocrate évolue en terrain miné alors que l'opposition républicaine critique tout rapprochement avec Téhéran. Concernant le déblocage des six milliards de dollars de fonds iraniens gelés, la Maison Blanche avait pris soin de rejeter toute notion de "rançon" et le porte-parole du Conseil national de sécurité, John Kirby, avait assuré que l'utilisation de ces fonds "à des fins humanitaires" uniquement serait sous "stricte surveillance".
Issus de la vente d'hydrocarbures par l'Iran, ces fonds avaient été bloqués à la suite de sanctions américaines. Téhéran a de son côté assuré avoir la possibilité d'user autrement de cette enveloppe et pas seulement pour acheter des médicaments et de la nourriture.