"Ça va chier des bulles": après "Tout simplement noir", Jean-Pascal Zadi prend d'assaut le cinéma

Christine Gautier et Jean-Pascal Zadi dans
Christine Gautier et Jean-Pascal Zadi dans

Il y a deux ans, Jean-Pascal Zadi prenait d'assaut le cinéma français avec sa comédie Tout simplement noir, un portrait amer et satirique de la condition noire en France. Un film qui a marqué les esprits (760.628 entrées) et lui a valu un César, celui du meilleur espoir masculin. Deux ans plus tard, le trublion est toujours là. Cette année, il est à l'affiche de trois comédies: Coupez!, L'Année du requin (en salles mercredi) et Fumer fait tousser.

Trois comédies atypiques, aux antipodes de ce que produit traditionnellement le cinéma français. Remake d'un succès japonais, Coupez! raconte les déboires d'un réalisateur sur le tournage d'un film fauché de zombies. Version française des Dents de la mer dans le bassin d'Arcachon, L'Année du requin suit l'affrontement entre des gendarmes maritimes et un requin géant. Fumer fait tousser, enfin, est une relecture, par Quentin Dupieux, des séries de super-héros japonais.

"Je n'ai pas de plan de carrière", confie à BFMTV Jean-Pascal Zadi. "Mon seul plan de carrière est de m'amuser et de profiter de la chance que j'ai. C'est pour ça que j'ai fait ces trois films. Ce sont des univers forts où je sens que je vais prendre du plaisir. Le stress arrive quand tu commences à calculer." Mais contrairement à Tout simplement noir et aux séries Craignos et Carrément craignos, il est cantonné au second plan:

"Je débarque aussi", précise-t-il. "J'en suis conscient. Je sais que j'ai plein de choses à apprendre. Si ça doit passer par des petits rôles pour côtoyer des mastodontes comme Marina Foïs ou Kad Merad, j'y vais! Je suis conscient de mes lacunes, de mes possibilités, de mes limites. Je compose avec ma nature. Je la mets beaucoup dans mes rôles, mais acteur ce n'est pas que ta nature. Il y a aussi des choses à jouer, des émotions à donner, des trucs physiques."

"Il n'y a pas beaucoup de bons scénarios"

Dans L'Année du requin, il incarne justement un gendarme dont la mission est de capturer un dangereux requin. "Il fallait que je saute d'un bateau. J'ai bien aimé!", s'enthousiasme le comédien, qui confie avoir pris beaucoup de plaisir à jouer un gendarme: "J'aimais bien l'idée d'être un gendarme de région, et pas un flic de ville, qui cherche la dope. Ça, ça ne m'intéresse pas du tout." Il y a vu surtout l'occasion de jouer un personnage comme dans la série du Gendarme de Saint-Tropez.

Les Gendarmes et les gendarmettes est son film culte: "J'aime bien parce que c'est un vrai nanar! J'ai une affiche chez moi dans le couloir. On avait été fascinés avec mon petit frère par la gendarmette noire qui s'appelle Yo Macumba! Son pays, c'est le Bungawa! On a dû rigoler une semaine avec mon frère. Ils n'ont même pas été capables de lui donner un vrai nom! Au-delà du Gendarme et les gendarmettes, c'est Louis de Funès [qui me fascine]: son aura comique incroyable."

Zadi admire la capacité de Louis de Funès à être magistral, même dans les pires nanars. "C'est un objectif", indique-t-il tout en précisant qu'il regarde "avec attention" les nombreux scénarios qu'il reçoit depuis le succès de Tout Simplement noir. "Tout n'est pas intéressant. En vrai de vrai, il n'y a pas beaucoup de bons scénarios. Comme je suis aussi réalisateur, et que j'ai mes projets à faire, quand je quitte ma famille, mes gosses, pour aller au boulot, si c'est un scénario moyen, je n'ai pas le temps."

"Les scénarios moyens, ce sont les scénarios où il y a un rôle de noir", précise-t-il. "Ils ont besoin d'un rôle de noir et ils font appel à 'JP' Zadi. C'est aussi des scénarios où il n'y a pas de risque. J'aime bien les trucs risqués. J'aime bien quand c'est un peu limite. Peut-être que je vais changer, qu'avec le temps, je vais devenir un pantouflard du cinéma!"

"Je suis méga anarchiste!"

Aucun risque de le voir s'embourgeoiser. Jean-Pascal Zadi bouillonne d'idées pour changer notre regard sur le monde. "Je suis méga anarchiste! Il y a plein de choses qui ne me vont pas dans le système, dans le monde actuel. Il y a plein de verrous à faire sauter! Évidemment que je ne suis pas heureux avec ce qui se passe. Ma situation personnelle est bien, mais la planète telle qu'elle est, ça ne va pas. Ce n'est pas normal qu'il y ait des gens avec beaucoup d'argent à côté de gens qui n'en ont pas."

"Il y a aussi de la place pour de nouvelles manières de raconter des récits. Je ne dis pas que Tout simplement noir est le meilleur film du monde, mais je sais que c'était différent dans la manière d'aborder la comédie. Et c'est peut-être ce qui a fait que les gens ont aimé, parce que ce n'était pas de la comédie habituelle, avec des situations habituelles. On a proposé des choses limites. C'est ça qui m'intéresse. C'est là où il y a à travailler. Les blagues convenues, je m'en fous."

Il y a quelques années, Jean-Pascal Zadi avait eu l'idée d'un film où un super-héros noir aurait affronté un dictateur africain remettant en cause le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Mais le projet, débuté avec Thomas Ngijol, a pris une autre direction pour devenir plus lisse et sortir sous le titre de Black Snake en 2017. "Thomas et sa femme ont décidé de prendre le truc et de faire autre chose avec, mais à la base des bases, le dictateur ne trouvait pas ça normal que tout le monde ait la bombe atomique. Il voulait cette bombe atomique pour faire exploser le monde."

"Ça va être une expérience de fou, ce deuxième film"

L'acteur-réalisateur développe actuellement ses propres projets. Il vient de mettre en boîte En place, une série pour Netflix imaginée avec François Uzan (Family Business) diffusée en 2023. Zadi y sera un éducateur propulsé candidat à l'élection présidentielle. "Évidemment, il ne connaît pas la politique, il a des potes relous, il a un passé lourd et il va mettre les pieds dans le plat", annonce Zadi qui donnera la réplique à Benoît Poelvoorde, Fary, Marina Foïs, Éric Judor et Fadily Camara.

Il est "vraiment content" du résultat: "Il y a dedans un message fort, qui me tient à cœur. Il ne faut pas rêver petit, mais rêver grand. On a notre place partout. On est légitime partout. Il faut juste avoir confiance en soi. Rester soi-même." Il salue la liberté offerte par Netflix: "On est allé dans des trucs bien 'border' et Netflix a laissé passer. Je suis hyper content d'avoir été aussi libre dans le ton." En parallèle, John Wax, son complice de Tout simplement noir, lui écrit un projet dont il sera la star.

Et Jean-Pascal Zadi prépare pour 2023 le tournage de son deuxième film de cinéma. "Ça va vraiment chier des bulles. Ça va être fou", prévient-il. "Quand j'écrivais Tout simplement noir, je ne savais pas que ça allait marcher, mais je savais que c'était important qu'un film comme ça existe. Personne n'aurait pu m'arrêter. Ce deuxième film, je suis deux fois plus convaincu que Tout simplement noir. C'est un truc qui a deux fois plus d'envergure. Il y aura un casting de malade. On aura un plus gros budget." Le synopsis est pour le moment secret. "Ça va être une expérience de fou, ce deuxième film."

Article original publié sur BFMTV.com