"Ça ne prendra pas" : l'exécutif ne croit pas à un retour des gilets jaunes samedi

Gilets jaunes sur les Champs Élysées le 9 mars 2019 à Paris. - Kenzo Tribouillard - AFP

Le gouvernement n'imagine pas une mobilisation d'ampleur ce samedi malgré l'appel d'un collectif de "gilets jaunes et de citoyens en colère". Face à la réforme des retraites et l'inflation, la macronie craint plutôt la création de collectifs professionnels difficiles à anticiper.

Un goût de scepticisme. À trois jours d'un appel à la mobilisation pour les gilets jaunes à Paris, le gouvernement n'envisage pas un retour d'ampleur du mouvement. Ce sont plutôt les nouveaux collectifs à l'image de ceux des contrôleurs de la SNCF ou des médecins généralistes qui inquiètent la macronie.

"Je ne crois pas à une reprise d’une marque déjà déposée. Ils sont ultra-minoritaires et ça ne prendra pas", assure un conseiller ministériel auprès de BFMTV.

"Pas le point de départ"

Ce nouveau rassemblement à Paris lancé par le groupe Facebook de "gilets jaunes et de citoyens en colère" veut protester contre la réforme des retraites qui sera présenté la semaine prochaine, l'inflation ainsi que par l'utilisation à 10 reprises du 49.3 par le gouvernement.

Cette manifestation, qui partira de la place de Breteuil dans le 7ème arrondissement à Paris, ne semble pour l'instant guère mobiliser. Sur les différentes pages Facebook reprenant l'appel, seules quelques centaines de personnes ont indiqué qu'elles "participeraient" à coup sûr.

Ce n'est pas la première fois que les gilets jaunes tentent de relancer leur mobilisation, après avoir sérieusement secoué l'exécutif en 2018, sans jamais y parvenir jusqu'ici. De quoi rassurer le gouvernement qui doit faire face à un contexte social inflammable, entre hausses des prix, syndicats farouchement opposés à l'allongement de l'âge de départ à la retraite et fin de la ristourne à la pompe.

"Samedi, ce ne sera pas le point de départ puissant", juge encore un ministre.

Des collectifs "très inflammables"

La préfecture de police ne montre pas de son côté d'inquiétude particulière à l'approche de la journée de mobilisation. L'exécutif se montre cependant beaucoup plus attentif aux nouvelles formes de mouvements sociaux qui ont échappé aux syndicats ces dernières semaines.

La tension sociale, déjà élevée, est encore montée d'un cran en décembre avec la grève des chefs de bord de la SNCF, organisée via un groupe Facebook, très loin des syndicats. La grève des médecins généralistes ces dernières semaines a eu lieu de son côté sous l'égide d'un collectif qui se dit apolitique. "Il faut qu'on fasse gaffe", prévient un député macroniste.

"Avec les collectifs, nous n'avons pas d'interlocuteurs. C'est très inflammable. Et donc l'agrégation de ces collectifs me fait plus peur que la mobilisation syndicale. Mais ce ne sera pas les gilets jaunes", avance encore cet élu.

Soutien aux professionnels en difficulté

Conscient de ce risque, le gouvernement a mis le paquet sur les boulangers qui manifesteront à Paris le 23 janvier prochain. En grande difficulté avec la hausse des prix de l'énergie, cette profession a multiplié les SOS ces dernières semaines.

Avec un certain succès : Élisabeth Borne a annoncé ce mardi l'étalement de leurs impôts et de leurs cotisations sociaux. Bruno Le Maire va de son côté leur permettre de suspendre leur contrat électrique en cas de hausse de prix "prohibitif".

Le président pourra à nouveau se pencher à leur chevet à l'occasion de la galette des rois ce jeudi à l'Élysée. Bercy échangera demain avec les restaurateurs. De quoi espérer maîtriser une explosion sociale qui échapperait aux prévisions du gouvernement.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Gilets jaunes : retour sur 6 mois de mobilisation