"Ça n'a jamais été dénoncé": une étudiante harcelée sexuellement plaide pour un #Metoo à l'hôpital
"On ne tombe pas des nues." Moins d'une semaine après les accusations de l'infectiologue Karine Lacombe sur les agissements de l'urgentiste "prédateur" sexuel Patrick Pelloux, la parole se libère dans le milieu hospitalier. D'anciennes victimes de harcèlement sexuel témoignent sur les réseaux sociaux ou auprès du syndicat des internes des hôpitaux de Paris.
C'est le cas de Émilie*, une ancienne externe des hôpitaux de Paris. Lors d'un stage en cinquième année de médecine dans un service de chirurgie orthopédique, la jeune femme a été harcelée sexuellement par un médecin.
"Alors que je débutais tout juste ce stage, un supérieur hiérarchique a commencé à me prendre à part pour me poser des questions personnelles directement", s'est-elle d'abord rappelée sur BFMTV. "Il a demandé si j’étais célibataire avant de me demander mon prénom."
"Aucune surprise"
Puis, "après les paroles, s'en sont suivis les gestes". Émilie a alors développé: "Mes cuisses étaient touchées, il me claquait la cuisse, il pouvait me toucher le dos par surprise le matin pour me dire bonjour, il pouvait me prendre le poignet avec force lorsque je refusais de le suivre pour le petit-déjeuner."
Selon elle, son cas est loin d'être isolé dans le milieu hospitalier. "Il n’y a aucune surprise", a-t-elle regretté sur notre antenne. "On ne tombe pas des nues. Dire que ça n’existe pas, c’est se voiler totalement la face."
Avant de poursuivre: "C’est admis, c’est permis. J’espère que, grâce à l’intervention de la professeure Karine Lacombe, cela ne le sera plus. Je pense qu’il fallait une voix forte pour initier le mouvement qui est en train d’être créé."
Depuis mercredi - et la parution de l'enquête de Paris Match où la cheffe de service hospitalier des maladies infectieuses à l'hôpital Saint-Antoine (Paris) a accusé le médiatique urgentiste Patrick Pelloux de "harcèlement sexuel et moral", ce qu'il réfute - les témoignages se sont effectivement multipliés en ligne sous le hashtag #Metoohopital.
Une enquête de l'Association nationale des étudiants en médecine (Anemf), réalisée en 2021, montrait déjà l'omniprésence de ces violences: 38,4% des étudiantes en médecine disaient avoir subi du harcèlement sexuel pendant leurs stages hospitaliers, 49,7% des "remarques sexistes", et 5,2% des "gestes déplacés", entre mains aux fesses, attouchements et autres "gestes sexuels".
"Un certain nombre de médecins se permettent des comportements déplacés. Comme ça n’a jamais été dénoncé, les choses ont perduré", a amèrement conclu Émilie.
* Le prénom a été modifié.