À Zaporijjia, en Ukraine, des évacuations face au risque d’accident nucléaire

Des évacuations ont lieu autour de la centrale nucléaire de Zaporijjia depuis ce vendredi 5 mai, 
l’AEIA craint un « grave accident nucléaire ».
Des évacuations ont lieu autour de la centrale nucléaire de Zaporijjia depuis ce vendredi 5 mai, l’AEIA craint un « grave accident nucléaire ».

UKRAINE - L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a alerté ce samedi 6 mai sur le risque d’un « grave accident nucléaire » à la centrale de Zaporijjia, occupée par les forces russes en Ukraine. La situation est « potentiellement dangereuse » autour du site et la ville voisine, où vivent la plupart des employés, est en pleine évacuation, a précisé l’agence.

« La situation dans la zone proche de la centrale nucléaire de Zaporijjia devient de plus en plus imprévisible et potentiellement dangereuse », a averti le chef de l’Agence, Rafael Grossi, cité dans un communiqué de l’AIEA. « Je suis extrêmement préoccupé par les risques bien réels que court la centrale en termes de sûreté et de sécurité. Nous devons agir maintenant pour prévenir la menace d’un grave accident nucléaire et de ses conséquences sur la population et l’environnement », a-t-il ajouté.

Cette centrale, la plus grande d’Europe, a été visée à plusieurs reprises par des tirs depuis le début du conflit, faisant craindre une catastrophe.

Des évacuations partielles qui inquiètent

Les experts de l’Agence, qui se trouvent sur place, continuent à entendre le bruit de bombardements dans la zone, le dernier datant de vendredi soir, indique le communiqué. Ils surveillent de près la situation pour « détecter tout impact potentiel sur la sûreté et la sécurité nucléaires », a précisé M. Grossi.

« Cette grande installation nucléaire doit être protégée. Je continuerai à faire pression pour que toutes les parties s’engagent à atteindre cet objectif vital, et l’AIEA continuera à faire tout ce qui est en son pouvoir pour contribuer à garantir la sûreté et la sécurité nucléaires de la centrale », a-t-il déclaré.

Vendredi, le responsable régional installé par Moscou, Evguéni Balitski, avait annoncé une évacuation partielle de 18 localités sous occupation russe dans la région de Zaporijjia, notamment à Energodar.

Mais celle-ci suscite des inquiétudes. Ivan Fedorov, maire de Melitopol, a dénoncé samedi sur Telegram une « évacuation » trop rapide. D’énormes files d’attente se sont formées au poste de contrôle de Chongar, sur la route menant de Melitopol à la Crimée, a-t-il dit. Idem à Tokmak, où les files d’attente s’allongent pour acheter du pain, tandis que la plupart des stations-service n’ont plus d’essence.

Ces évacuations, « temporaires » selon Evguéni Balitski, concernent en priorité les enfants avec leurs parents, les personnes âgées et handicapées, et les patients des hôpitaux face à la multiplication, selon lui, de bombardements ukrainiens ces derniers jours.

Les effectifs de la centrale diminuent

Les autorités russes prévoient d’évacuer environ 70 000 personnes de localités de la région de Zaporijjia sous leur occupation, selon un autre responsable de l’administration d’occupation, Andreï Kozenko, cité par l’agence TASS.

Mais une évacuation des employés de la centrale nucléaire, dont les six réacteurs sont à l’arrêt, n’est pour l’heure pas prévue, a annoncé samedi Iouri Tchernitchouk, directeur du site nommé par les autorités russes.

Les effectifs de Zaporijjia ont graduellement diminué depuis le début du conflit, détaille le communiqué de l’AIEA, et la gestion du site est assurée par un nombre d’employés suffisant pour assurer la sécurité du site, selon les autorités russes.

La centrale nucléaire de Zaporijjia, contrôlée par l’armée russe depuis mars 2022, est située au bord du fleuve Dniepr, qui dans cette zone sépare les deux camps.

Mi-avril, Rafael Grossi avait déjà averti que l’on était « en sursis » concernant la « sûreté » de la centrale. Et bien que les réacteurs ne soient pas opérationnels, une ligne électrique de secours dont ils dépendent est encore en fonctionnement, ce qui constitue « un risque majeur » selon la même source. Cette ligne a été endommagée le 1er mars et n’était toujours pas réparée mi-avril, a déploré l’AIEA.

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