À la veille des élections européennes, le Portugal serre la vis sur l’immigration

Un plan purement électoraliste, à quelques jours des européennes, ou au contraire salutaire, loin de tout populisme ? Les éditorialistes portugais sont divisés, alors que le nouveau gouvernement de droite modérée a présenté, lundi 3 juin, un ensemble de nouvelles mesures visant à durcir les règles d’immigration, devenue un thème de campagne ces dernières semaines.

Dans son éditorial ce matin, Público salue le “discours raisonnable et humaniste” du Premier ministre, Luís Montenegro, lors de la présentation de ces 41 nouvelles mesures. L’une d’elles met fin au régime qui permettait aux étrangers d’entrer dans le pays et de demander ensuite un permis de séjour. Désormais, une seule manifestation d’intérêt ne suffit plus, ils doivent disposer d’un contrat de travail et le présenter au consulat du pays qu’ils souhaitent quitter avant d’entrer au Portugal.

Besoins économiques et recul démographique

Le directeur du journal, David Pontes, relève toutefois que ces nouvelles restrictions aux frontières pourront entrer en collision avec la réalité économique du pays :

“Un pays avec un taux de natalité comme le nôtre continuera à avoir désespérément besoin d’une main-d’œuvre qui, dans de nombreux cas, n’a pas besoin d’être hautement qualifiée.”

Deuxième plus vieux pays d’Europe, avec le plus faible taux de natalité du continent, à 1,2 %, alors que le taux de renouvellement démographique est de 2,1 %, le Portugal a misé ces dernières années sur l’immigration pour compenser ce recul démographique.

En cinq ans, le nombre d’étrangers a doublé. Ils sont actuellement un million, soit 10 % de la population. Les Brésiliens sont de loin la nationalité la plus représentée, devant de nombreux ressortissants d’Asie, notamment d’Inde, employés dans des fermes et dans des restaurants.

“L’existence d’une stratégie est en soi une étape importante”, se félicite Diana Ramos dans le Jornal de Negócios. La directrice du quotidien rappelle “qu’une entreprise sur cinq au Portugal emploie une main-d’œuvre étrangère, principalement dans les secteurs du tourisme, de la construction et du commerce. Un plan visant à mieux accueillir ces communautés est essentiel à la croissance économique du pays, et les mesures visant au regroupement familial et à l’intégration sont cruciales.”

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