À la station du Mont-Aigoual, le changement… c'est maintenant !

Désormais automatisé, l'observatoire de montagne de Météo-France a vu partir ses derniers agents en 2023 après cent trente ans de bons et loyaux services. Il accueille un centre consacré au changement climatique.

Cet article est issu du magazine Les Indispensables de Sciences et Avenir n°216 daté avril/ juin 2024.

Au mont Aigoual, le ciel décoiffe. Depuis l'observatoire arrimé à son sommet entre Gard et Lozère, à 1.567 mètres d'altitude, le panorama - à 3600 - embrasse la Méditerranée et les Pyrénées, le puy de Sancy et les Alpes. La station météo qui enregistre les variables journalières depuis 1894 est celle de tous les superlatifs.

Le mont Aigoual est l'un des sites les plus arrosés et les plus ventés de l'Hexagone : on y mesure en moyenne 2 mètres de précipitations par an, les rafales peuvent dépasser 300 km/h et le givre atteindre 1,20 mètre d'épaisseur en 24 heures. "C'est un endroit très exposé. On peut rester dans la purée de pois pendant des jours et ne pas pouvoir redescendre à cause des congères", note Frédéric Atger, ancien directeur de Météo-France pour le Sud-Est.

125 ans de mesures quasi ininterrompues

Les agents de cet organisme public qui y ont travaillé, du milieu du 20e siècle jusqu'à leur départ en 2023, avec l'automatisation, pouvaient y loger plusieurs jours de suite, "un peu comme des gardiens de phare". C'est l'ingénieur des eaux et forêts Georges Fabre, chargé de reboiser les pentes de l'Aigoual attaquées par l'érosion au milieu du 19e siècle, qui fait bâtir l'édifice aux allures de forteresse. Épaulé par le naturaliste Charles-Marie Flahault, il plante sur ses flancs plus de 60 millions d'arbres.

Mais la tâche exige de sélectionner des espèces adaptées à ces conditions rudes, soumises aux pluies violentes du climat méditerranéen comme aux épisodes neigeux du climat atlantique qui se télescopent ici. "Le début des relevés date de cette époque, poursuit Frédéric Atger. Agréger des valeurs pendant une période longue pour connaître le climat type, ses moyennes, ses extrêmes, c'est important pour un forestier !" Avec 125 ans de mesures quasi ininterrompues, la station de l'Aigoual a produit l'une des plus longues séries de données météorologiques de la[...]

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