À Sevran, deux hommes tués sur fond de trafic de drogue, un mois après une opération « place nette »

Des policiers enquêtent sur la mort de deux hommes tués le 5 mai 2024, sur fond de trafic de drogue.
GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP Des policiers enquêtent sur la mort de deux hommes tués le 5 mai 2024, sur fond de trafic de drogue.

FAITS DIVERS - Deux hommes ont été tués par balles en pleine rue ce dimanche 5 mai à Sevran, moins de 48 heures après une fusillade probablement liée au trafic de drogue qui avait déjà fait un mort et des blessés dans cette ville de Seine-Saint-Denis.

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Selon des sources policières, les deux hommes ont été tués vers 18 heures, allée des Lilas, dans le quartier Montceleux-Pont Blanc, à 1,4 km du lieu de la fusillade mortelle de vendredi soir. Âgés de 33 et 35 ans, ils étaient connus pour violences et trafic de stupéfiants, a indiqué une première source. Le ou les suspects ont pris la fuite, selon une deuxième source.

Deux corps gisaient à terre sous des draps blancs, a constaté dimanche soir une journaliste de l’AFP présente sur place, au pied de la maison de quartier Edmond-Michelet, près d’un parc avec des jeux pour enfants. Un paravent a été installé pour masquer les corps.

« La prison ou la mort »

Une très forte présence des forces de police et de gendarmerie a été déployée sur les lieux, sécurisés par de la rubalise jaune. Des personnes en larmes se tenaient à proximité. « J’étais chez moi quand j’ai entendu des tirs, j’ai eu très peur. C’est terrible car je les ai vus grandir, mais quand on choisit cette voie, c’est malheureusement la prison ou la mort », a témoigné une habitante du quartier d’une cinquantaine d’années, qui a requis l’anonymat. L’une des victimes est père de famille, selon des riverains.

Deux unités de forces mobiles ont été envoyées sur place, a précisé une source policière. Le préfet de police Laurent Nuñez s’est aussi rendu sur place. « Nous avons des raisons de penser que les faits ne sont pas étrangers au trafic de stupéfiants », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il fallait « être extrêmement prudent quant au fait que cette affaire puisse avoir un lien avec les autres homicides ».

Dans la nuit de vendredi à samedi, un homme de 28 ans avait en effet déjà été tué et quatre autres blessés, lors d’une fusillade dans la cité des Beaudottes, quartier emblématique de cette ville de 52 000 habitants située à 25 km au nord-est de Paris.

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Trois autres blessés par balles s’étaient également présentés à l’hôpital plus tard dans la nuit, l’un d’eux repartant avant d’être examiné. « C’est forcément un règlement de comptes lié au trafic de stupéfiants », avait réagi auprès de l’AFP Stéphane Blanchet, maire DVG de la ville.

Sur place, 25 douilles de 7.62, un calibre notamment utilisé pour les armes de type Kalachnikov, avaient été retrouvées.

Une enquête a été ouverte pour homicide volontaire en bande organisée et tentatives d’homicides volontaires en bande organisée, a indiqué le parquet de Bobigny à l’AFP. Elle a été confiée à la brigade criminelle de la police judiciaire parisienne, tout comme l’enquête relative à la seconde fusillade.

« Déchaînement inouï » de violence

Dans un communiqué publié samedi, le maire de Sevran avait dénoncé un « déchaînement inouï » de violence qu’il attribue à « l’argent sale de l’économie de la drogue », une « économie de mort qui pourrit nos villes ». « Nous ne sommes pas face à un fait divers mais bien face à un phénomène profond destructeur qu’il faut endiguer à la racine », a-t-il déclaré dimanche sur X, peu avant la nouvelle fusillade.

Après Marseille, Sevran avait fait l’objet d’une opération anti-drogue « place nette XXL » le 25 mars dans l’objectif de porter un coup d’arrêt aux trafics. Dans cette ville, le point de deal de la cité Rougemont avait été « éradiqué », a indiqué samedi la préfecture de police. Selon cette source, « il est évident que ces opérations déstabilisent le trafic et suscitent des guerres de territoire pour se réapproprier les points démantelés ».

Un total de 315 faits d’homicides ou tentatives d’homicide liés au trafic de stupéfiants ont été comptabilisés en France entre janvier et novembre 2023 en zone police, soit une hausse de 57 % sur un an, selon la police nationale.

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