À Sciences Po, le déblocage n’a pas mis fin aux tensions liées à la guerre à Gaza, on vous résume la séquence

GAZA - Sciences Po à nouveau sous le feu des projecteurs. Depuis plusieurs jours, l’école parisienne est secouée par une mobilisation pro palestinienne d’ampleur qui agite la classe politique. Des origines du mouvement aux polémiques qui divisent l’opinion, Le HuffPost revient sur la séquence, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article.

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Un mouvement à l’américaine

Depuis la mi-avril, le mouvement pro-palestinien ne cesse de prendre de l’ampleur dans les universités américaines, de la côte ouest à la côte est, et dans les établissements les plus renommés du pays comme Yale, Harvard ou encore Princeton. Objectif des manifestants : dénoncer le soutien de leur gouvernement à Israël, et son inaction face à la guerre menée dans la bande de Gaza. Rapidement, le mouvement s’exporte en France, et principalement à Science Po Paris.

Des blocages et des tensions

Dès mercredi 24 avril au soir, une soixantaine d’étudiants organisent un rassemblement dans les locaux de l’établissement. Comme outre-Atlantique, des tentes sont installées. Les protestataires sont rapidement évacués, avant de venir occuper l’école dès le lendemain, puis toute la nuit pour certains.

Vendredi 26 avril, l’affaire prend une autre dimension. L’intérieur de la prestigieuse école et ses abords sont investis par des manifestants pro-palestiniens plus nombreux. L’entrée du campus est bloquée, et le Comité Palestine de Science Po Paris fait valoir ses revendications auprès de la direction. Il demande notamment une condamnation des actions d’Israël par l’établissement et la fin de la collaboration de l’école avec tout organisme qu’il juge complice de l’oppression du peuple palestinien. Les étudiants essuient un refus.

Polémique autour des « mains rouges »

En réponse, ils se peignent les mains de rouge. Un geste taxé d’antisémitisme, qui fait pour certains écho à un événement datant de la seconde intifada au Proche-Orient, lorsque, le 12 octobre 2000, à Ramallah, deux soldats israéliens sont tués par des Palestiniens.

Des étudiants manifestent devant Sciences Po le 26 avril 2024. (Photo by Dimitar DILKOFF / AFP)
DIMITAR DILKOFF / AFP Des étudiants manifestent devant Sciences Po le 26 avril 2024. (Photo by Dimitar DILKOFF / AFP)

Un lynchage immortalisé par une photographie restée célèbre, montrant un Palestinien, brandissant ses mains ensanglantées. À Sciences Po Paris, les militants rejettent l’accusation, et expliquent vouloir seulement illustrer le slogan : « Vous avez du sang sur les mains ».

La classe politique s’en mêle

Dans la journée, des élus de la France insoumise viennent apporter leur soutien à la mobilisation étudiante dans un contexte où LFI fait de ce sujet l’un des thèmes centraux de sa campagne pour les européennes.

Finalement, l’accord trouvé entre la direction de Science Po Paris et les manifestants provoque la levée du blocage en milieu de soirée. La direction s’engage à organiser un débat sur la situation à Gaza la semaine suivante, et suspend les procédures disciplinaires engagées à l’encontre des militants pro-palestiniens depuis le 17 avril.

La droite crie à la « soumission » de la direction et demande la suspension des financements publics alloués à Science Po, école qu’elle accuse par ailleurs souvent d’être le cheval de troie du wokisme à l’américaine. Ce lundi 29 avril, la présidente LR de la région Île-de-France a annoncé suspendre les financements à l’établissement « tant que la sérénité et la sécurité ne seront pas rétablies dans l’école ».

À gauche, la France insoumise appelle au contraire les étudiants à amplifier le mouvement. Dès ce lundi 29 avril, plusieurs dizaines d’étudiants de la Sorbonne se sont eux aussi mobilisées contre la situation à Gaza avant d’évacuer, sous la pression des forces de l’ordre. Alors que le risque d’embrasement existe, l’exécutif espère à tout prix éviter un nouveau printemps contestataire dans les facultés en France.

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