À la rentrée du Medef, le budget 2024 ne passe toujours pas pour le patronat : « un très mauvais signal »

POLITIQUE - « Quand on fait une promesse, on s’attend à ce qu’elle soit tenue ». Pour les patrons présents à l’hippodrome de Paris-Longchamp ce lundi 28 août, c’est la déception. Élisabeth Borne a confirmé dans sa prise de parole l’étalement sur plusieurs années de la suppression de la CVAE (la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises), un impôt sur la production qui devait initialement disparaître intégralement en 2024.

Une décision que Patrick Martin, le nouveau président du Medef, a vivement critiqué dans son discours d’introduction, sous l’œil attentif de la Première ministre installée au premier rang. « Un nouvel étalement de la suppression de la CVAE serait un très mauvais signal », a-t-il souligné en plaidant pour qu’elle intervienne « en temps et en heure », car la décision a été « intégrée dans nos business plans en termes de décisions d’investissement et d’embauches » a plaidé le patron des patrons, comme vous pouvez le voir dans notre reportage en tête d’article.

La Première ministre s’est exprimée après la diffusion d’un message vidéo d’Emmanuel Macron. « J’ai besoin de vous », a insisté le président de la République, qui a aussi appelé à « l’unité » pour gagner les batailles de l’emploi et de la croissance.

Élisabeth Borne a, elle, insisté sur la volonté du gouvernement de poursuivre la politique favorable aux entreprises lancée depuis 2017, tout en restant ferme sur la décision de reporter la suppression totale de la CVAE. « La totalité de la CVAE sera supprimée avant la fin du quinquennat et on le fera au rythme le plus rapide possible », lui a répondu Élisabeth Borne. Une réponse qui ne satisfait pas les chefs d’entreprise que Le HuffPost a rencontrés.

« On a encore des semelles de plomb, » soupire Didier Fauchard, chef d’entreprise et président du Medef à La Réunion.

« Il y a un petit souci de confiance, effectivement, la parole donnée, l’engagement donné, il faut le respecter », fait valoir Zacharie Hardy, président de St Cyr Capitalisation, qui déplore les revirements des pouvoirs publics : « On décale, on revient, on change, c’est un problème pour le monde de l’entreprise qui a besoin de stabilité ». Le gouvernement justifie ce report par la nécessité de réduire les dépenses publiques. « Les entreprises doivent prendre leur part », acquiesce Zacharie Hardy, « mais elles le prennent déjà tous les jours », ajoute-t-il.

« Dire je ne supprime pas une taxe pour créer un effort, ça n’est pas lisible » considère Sandrine Matichard. « Soit cet impôt est pertinent, soit il ne l’est pas », plaide la cheffe d’entreprise qui aurait préféré que la suppression soit maintenue.

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