À Paris, le périphérique à 50 km/h ? Anne Hidalgo ou Clément Beaune, difficile de dire qui aura le dernier mot

Une vue arienne du périphérique parisien, le 21 septembre 2022.
- / AFP Une vue arienne du périphérique parisien, le 21 septembre 2022.

PARIS - La mairie de Paris et le ministre des Transports se sont livrés à une passe d’armes ce jeudi 7 décembre à propos du périphérique parisien. Invité sur franceinfo dans la matinée, Clément Beaune a annoncé que l’État « ne validera pas » fin 2024 la limitation à 50 km/h sur voulue par la mairie après les Jeux olympiques l’été prochain.

« Je pense que ce n’est pas une bonne idée à court terme d’avoir cette limitation de vitesse » et « à la fin de l’année 2024, nous ne prendrons pas la décision, nous ne validerons pas la décision » de limiter la vitesse à 50 km/h, a-t-il expliqué. La mairie de Paris avait expliqué fin novembre sa volonté de limiter la vitesse sur le périphérique à 50 km/h après les JO, en plus de réserver une des voies au covoiturage - une révolution censée protéger l’environnement mais qui suscite, depuis, une vive polémique politique.

Si le périphérique « est géré par la Ville de Paris », un changement de la limitation de vitesse nécessite « évidemment une validation de l’État », a fait valoir Clément Beaune, se disant cependant « ouvert » à l’idée d’une voie réservée. « Je pense que la voie réservée, c’est une bonne chose », a-t-il noté. Mais si, en même temps, la limite de vitesse passe à 50 km/h, « je pense que là, vous allez rendre les gens fous », a-t-il poursuivi.

« La règle sur les voies en ville, c’est 50 km/h »

La mairie de Paris n’a pas tardé à réagir, en début d’après-midi, via l’intermédiaire de son premier adjoint Emmanuel Grégoire. « Je vous confirme que nous baisserons la vitesse », a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse, soulignant qu’un maire « peut, dans le cadre de ses pouvoirs de police, diminuer la vitesse au motif de la sécurité ou de l’environnement ». « Notre analyse, c’est que l’on peut baisser la vitesse pour des enjeux environnementaux comme on le souhaite », a-t-il précisé, disant se baser sur une « interprétation de la loi » du ministre de l’Intérieur dans un écrit remontant à 2019.

« Clément Beaune oublie que le périphérique est une voie municipale en pleine ville », a renchéri David Belliard, adjoint aux transports à la mairie de Paris, auprès du HuffPost. « Or la règle sur les voies en ville, c’est 50 km/h ! Actuellement on est à 70, c’est donc une dérogation au Code de la route. Nous souhaitons simplement revenir au droit commun. La maire de Paris a le pouvoir, bien sûr, de le faire, d’autant plus que ce serait pour respecter la loi. Nous sommes déterminés à aller jusqu’au bout. »

« Le seul segment » du périphérique sur lequel le gouvernement « peut décider de la vitesse, c’est autour de Balard », en raison du bâtiment du ministère de la Défense classé parmi les sites sensibles, a assuré Emmanuel Grégoire. Si le ministre « entend faire obstacle » au projet de la mairie, « qu’il nous précise comment il compte le faire », a-t-il encore dit, reprochant à Clément Beaune une « posture purement politicienne qui n’est fondée sur rien ». « Sur le plan politique, il est inenvisageable de faire un tel changement sans étude d’impact précise, et surtout sans concertation approfondie avec la Région, les Départements, les communes concernées », répond le ministère interrogé par Le HuffPost.

Quand Jean-Marc Ayrault baisse la vitesse à 70 km/h

Cette nouvelle limitation de vitesse vise à fluidifier le trafic sur cet axe très embouteillé, en encourageant les Franciliens à éviter l’« autosolisme » et à emprunter les transports en commun. « Cette mesure sera bénéfique à plus 500 000 personnes qui habitent de chaque côté du périphérique, à Paris mais aussi dans les communes limitrophes. L’objectif est de réduire non seulement le bruit mais aussi la pollution », rappelle-t-on à l’Hôtel de ville.

La vitesse maximale autorisée sur cette ceinture routière de 35 kilomètres qui entoure la capitale depuis 1973, était déjà passée de 90 km/h à 80 en 1993, puis à 70 en 2014. Il y a neuf ans, le décret pris par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault avait abaissé de 80 à 70 km/h la vitesse maximale autorisée sur cet « axe essentiel à la sécurité » avait été attaqué par des associations d’automobilistes et des particuliers. En vain. Le Conseil d’État avait estimé que la diminution de la vitesse maximale sur le boulevard périphérique était justifiée par des considérations de sécurité routière, le souci de réduire les nuisances sonores des riverains et de limiter la pollution atmosphérique.

Si le gouvernement actuel assure que c’est toujours à lui de fixer cette vitesse -« sur plusieurs sujets nécessaires à la mesure, l’avis de l’Etat est contraignant », fait-on savoir- la mairie de Paris considère que les textes sont en sa faveur. « Le Code général des collectivités territoriales indique que le maire peut par arrêté après avis simple du préfet abaisser la vitesse pour des considérations environnementales ou de sécurité, fait-on savoir à la mairie de Paris où l’on se veut très ferme. Au plus tard à la rentrée 2024, la vitesse sera limitée à 50 km/h sur le périphérique. » Et de rappeler que les dernières fois où ses décisions en matière de circulation ont été contestées (fermeture des quais de Seine ou piste cyclable rue de Rivoli), elle a obtenu gain de cause auprès de la justice.

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