À Paris, un Mondial de l’auto franco-chinois et sans constructeur allemand

Mercedes-Benz Group presents the AMG EQE SUV at the musee Rodin during a Mercedes-Benz presentation in Paris on October 16, 2022 on the eve of the opening of the Paris auto show. (Photo by Eric PIERMONT / AFP)
ERIC PIERMONT / AFP Mercedes-Benz Group presents the AMG EQE SUV at the musee Rodin during a Mercedes-Benz presentation in Paris on October 16, 2022 on the eve of the opening of the Paris auto show. (Photo by Eric PIERMONT / AFP)

MONDIAL DE L’AUTO - Sans BMW, Lamborghini ou Jaguar, le Mondial de l’auto, qui débute à Paris ce lundi 17 octobre, présentera en majesté des groupes français et chinois, posant des questions sur son avenir.

Une année sur deux, l’événement a longtemps marqué le mois d’octobre à la Porte de Versailles, rassemblant un million de mordus de voitures pendant deux semaines.

Mais après une annulation en mars 2020 pour cause de pandémie, et dans un contexte compliqué pour l’industrie automobile, le Mondial a réduit la voilure. Les organisateurs visent cette année entre 300 000 et 400 000 visiteurs, sur une semaine seulement.

Emmanuel Macron compte visiter longuement le salon lors de la journée pour la presse ce lundi, avant l’arrivée du grand public mardi. Le président de la République a fait dimanche des annonces sur l’offre de location d’électrique à 100 euros pour les foyers modestes.

Renault est la seule marque à sortir le grand jeu en présentant lundi la nouvelle Renault 4, descendante de la fameuse « 4L », un SUV électrique qui trônera aux côtés de la nouvelle Renault 5, électrique elle aussi. Dans le même groupe, Dacia et Alpine présentent des concepts futuristes.

Du côté de Stellantis, Peugeot, Jeep et DS présentent quelques nouveaux modèles, tandis que Citroën a montré son concept « durable » Oli en amont du salon.

Les autres stars du salon, avec leurs grands stands, sont Ora, BYD ou VinFast, des marques chinoises et vietnamiennes de voitures électriques, qui se lancent à la conquête de l’Europe.

BNP remplace BMW

Aucun constructeur allemand ne fera le déplacement : après avoir investi des millions au salon de la mobilité de Munich, en septembre 2021, BMW comme Volkswagen feront l’impasse, avec leurs filiales Mini, Seat, Bugatti, ou Lamborghini.

Seul Mercedes s’invite à Paris pour une soirée le dimanche, mais à l’écart du Mondial. Les constructeurs japonais et coréens brillent également par leur absence.

Plusieurs banques comme la BNP ou le Crédit agricole exposeront des véhicules proposés à la location. Netflix et Lego sont aussi attendus.

Pour attirer les visiteurs (avec un billet entre 16 et 30 euros), le salon a confié un grand stand aux youtubeurs automobiles Vilebrequin (voir la vidéo ci-dessous), qui exposeront quelques voitures historiques.

Les curieux iront aussi vers les constructeurs innovants comme Hopium et NamX, qui misent sur l’hydrogène, ou vers les tout petits fabricants français Devalliet et Pantore.

Les salons ont-ils encore un intérêt, alors que l’automobile provoque encore trop d’émissions de CO2 et de morts sur les routes, entre autres ?

La profession est très partagée depuis une dizaine d’années, et les marques se ruent sur internet pour construire leur image.

En 2021, le salon de Munich, qui tentait de s’ouvrir au vélo et autres mobilités, a été perturbé par de grandes manifestations écologistes. Le salon de Genève a été annulé à trois reprises, et prévoit une édition délocalisée au Qatar.

« Se réinventer »

« Je vais au salon de l’auto parce que j’aime ça, parce que j’aime présenter le meilleur de ce qu’on fabrique », a lancé le directeur général de Renault Luca de Meo dans Le Parisien, fin septembre. « Les salons de l’auto continueront de déplacer les foules », veut croire le dirigeant italien.

Son concurrent Carlos Tavares est plus prosaïque : « chez Stellantis, nous le voyons comme un outil marketing, que nous mettons en concurrence avec d’autres, par exemple un engagement sportif, une publicité. Si l’on a des choses à dire et qu’on peut capter l’attention des visiteurs et des médias, d’après nos calculs, un salon fait sens ».

Ces dirigeants doivent s’exprimer mardi lors d’un sommet consacré à l’automobile. Auparavant, ceux qui ont des usines en France auront dîné dimanche soir avec le président de la République.

« Chaque édition devra se réinventer », a souligné Luc Chatel, qui coorganise le salon via la Plateforme automobile, lors de la présentation de l’événement. « Les salons sont l’illustration de ce qui se passe dans la filière », confrontée à un virage historique et très coûteux vers l’électrique.

À l’écoute, le géant de la communication Hopscotch, qui organise le Mondial cette année, a voulu en faire davantage un point de rencontre avec des futurs clients qu’un endroit où l’on peut baver devant des Ferrari (si la marque est absente, une œuvre de charité en expose néanmoins seize).

« L’immense majorité des constructeurs nous a dit qu’ils ne veulent plus de salons », a expliqué Luc Chatel. « On pense que c’est une erreur, on va essayer de leur démontrer qu’ils ont eu tort ».

À voir également sur Le HuffPost :

Lire aussi