À Noiseau, les promesses de prisons d’Emmanuel Macron face au mur des habitants, agriculteurs et élus

PRISON - Qui veut des miradors près de chez soi ? En tout cas, pas les 5500 habitants de Noiseau (Val-de-Marne) qui s’opposent fortement à la construction d’un nouveau centre pénitentiaire de 800 places, projet découlant d’un engagement de longue date d’Emmanuel Macron à lutter contre la surpopulation carcérale.

Des centaines de personnes, à lesquelles se sont greffés quelques agriculteurs avec leur tracteur, ont manifesté ce samedi 27 avril contre une « injure au bon sens », particulièrement en ce qui concerne l’emplacement choisi. L’État planifie une construction de la prison sur des terres agricoles à l’entrée de la petite commune. C’est l’un des principaux arguments des opposants, en plus des craintes quant à un impact sur la qualité de vie.

Comme vous pouvez le voir dans notre reportage vidéo en tête d’article, habitants, élus et exploitants menacés par le projet ont fait part de leur colère au micro du HuffPost. Une fronde menée par des associations écologistes (France Nature Environnement a lancé une pétition) et plusieurs sensibilités politiques, à commencer par la mairie et le Conseil départemental dirigés par la droite, une famille politique d’ordinaire porteuse d’un discours de fermeté en matière judiciaire.

La bonne réponse à la surpopulation carcérale ?

Depuis des mois, la France ne cesse de battre ses records de surpopulation carcérale. Au 1er mars, 76 766 personnes étaient incarcérées pour 61 629 places, soit un taux d’occupation globale de 124,6 %, qui monte à près de 150 % dans les maisons d’arrêt où sont incarcérées les personnes en attente de jugement ou condamnées à de courtes peines. Selon la Cour des comptes, ces chiffres s’expliquent notamment par un durcissement de la réponse pénale à la délinquance ces dernières années.

En 2018, Emmanuel Macron avait promis la création de 15 000 places de prison supplémentaires. Pour faire avancer le projet de Noiseau, l’État a engagé une procédure de qualification en projet d’intérêt général (PIG), explique Le Parisien. Une manière d’imposer un projet aux collectivités et de s’affranchir de certaines normes en matière d’urbanisme.

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