À la Mostra de Venise, le président du jury Damien Chazelle affiche son soutien à la grève à Hollywood

Le réalisateur et président du jury de la Mostra cette année, Damien Chazelle ( ici le 30 août 2023 au festival de la Mostra de Venise ) avait un message à faire passer.
Le réalisateur et président du jury de la Mostra cette année, Damien Chazelle ( ici le 30 août 2023 au festival de la Mostra de Venise ) avait un message à faire passer.

CINEMA - « Il manquera quelques stars très attendues. » Président du jury de la prestigieuse Mostra de Venise, Damien Chazelle avait connu des heures plus festives en Italie que ce mercredi 30 août. Le réalisateur, dont les films La La Land (2016) et First Man (2018) ont fait l’ouverture en grande pompe de la Mostra, croisera en effet peu de stars cette année, du fait de la grève des acteurs et des scénaristes qui a lieu à Hollywood. Ce que le réalisateur de 38 ans comprend à merveille.

« Toute œuvre d’art a une valeur en soi et n’est pas juste un contenu - un mot très en vogue à Hollywood en ce moment - pour alimenter un tuyau », a-t-il estimé ce mercredi lors de la conférence de presse d’ouverture, alors qu’il portait un t-shirt et d’un badge de soutien à la grève sur lesquels on pouvait lire « Writers Guild on Strike », c’est-à-dire que les scénaristes ont débrayé. « L’art passe avant les contenus », a-t-il insisté.

La Mostra, qui s’ouvre ce mercredi, est le premier grand festival mondial à faire les frais de la grève des scénaristes et des acteurs américains, qui demandent une meilleure rémunération et un encadrement de l’intelligence artificielle. Leur puissant syndicat, le SAG-AFTRA, interdit à ses membres de tourner, mais aussi de participer à la promotion des films.

Une dérogation pour Adam Driver

Ainsi, la nouvelle coqueluche d’Hollywood Zendaya devait inaugurer le festival italien avec Challengers de Luca Guadagnino, mais le mouvement social américain en a décidé autrement. Le film a été remplacé en ouverture par une production italienne, Comandante, qui relate un épisode méconnu du début de la Deuxième Guerre mondiale.

Un programme moins glamour, même si le directeur de la Mostra, Alberto Barbera, qui a beaucoup fait ces dernières années pour faire de Venise l’un des festivals préférés des stars américaines, veut relativiser. « L’impact de la grève sera très limité car nous avons perdu un seul film (Challengers donc) », a-t-il tenu à rassurer, dans un entretien avec l’AFP. « Il manquera quelques stars très attendues, mais en fin de compte ce n’est pas si grave », a-t-il réaffirmé en conférence de presse.

Ferrari de Michael Mann sera ainsi l’un des évènements de la compétition. Ce biopic du fondateur de la marque bénéficie d’une dérogation qui permet à son protagoniste Adam Driver d’être présent. La Mostra devra par contre se passer de Bradley Cooper, en lice à la fois comme réalisateur et acteur pour Maestro, un biopic du compositeur Leonard Bernstein. Également en lice pour le Lion d’Or, remporté l’an dernier par la documentariste Laura Poitras (« Toute la beauté et le sang versé »), les réalisateurs David Fincher et Sofia Coppola.

Des persona non grata mises en lumière

Persona non grata à Hollywood, le réalisateur de Rosemary’s baby a vu sa situation basculer en France depuis la polémique autour du César de la réalisation obtenu en 2020, alors qu’il était visé par de nouvelles accusations d’agressions sexuelles. Il est désormais considéré par une large partie de la profession comme l’un des symboles d’une certaine impunité. La Mostra le remet en lumière avec The Palace, présenté hors compétition. Polanski n’a toutefois pas prévu de venir à Venise.

Woody Allen, lui, a vu la quasi-totalité de l’industrie lui tourner le dos après des accusations d’agression sexuelle de sa fille adoptive, qu’il nie et pour lesquelles aucune enquête n’a abouti. Il présentera hors compétition son 50e film, Coup de chance, tourné à Paris avec des acteurs français.

« Il faut de toute façon faire la distinction entre l’homme et l’artiste. L’histoire de l’art est pleine d’artistes qui étaient des criminels, et pourtant nous continuons à admirer leurs œuvres », a estimé Alberto Barbera, interrogé par l’AFP sur ces invitations tendancieuses.

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