À Mayotte, Élisabeth Borne évoque la crise de l’eau, mais surtout l’insécurité

La Premier ministre Elisabeth Borne lors d’une rencontre avec des policiers et des gendarmes français à Kaweni, près de Mamoudzou, lors de sa visite d’une journée sur l’île française de Mayotte.
MIGUEL MEDINA / AFP La Premier ministre Elisabeth Borne lors d’une rencontre avec des policiers et des gendarmes français à Kaweni, près de Mamoudzou, lors de sa visite d’une journée sur l’île française de Mayotte.

POLITIQUE - Déplacement attendu sur l’île de Mayotte, la venue de la Première ministre Elisabeth Borne a été marqué par le thème de la sécurité, ou plutôt celui de la lutte contre l’insécurité. Une thématique que la Première ministre n’a pas été en mesure d’éviter alors que l’archipel rencontre déjà une grave sécheresse ainsi qu’une forte pression migratoire venue des Comores.

À Mayotte, des coupures d’eau deux jours sur trois, la sécheresse est-elle la seule coupable ?

Ce vendredi 8 décembre, la Première ministre s’est donc engagée à « refaire des opérations coup de poing » pour « ramener la sécurité » à Mayotte. Une problématique dont ont témoigné devant elle beaucoup d’habitants, soignants, élèves ou gendarmes du département rencontrés lors de cette visite de moins de 24 heures.

Interrogée sur la chaîne Mayotte la 1e, la cheffe du gouvernement a également confirmé un futur 2e plan « Shikandra » de lutte contre l’immigration illégale, avec davantage de moyens, comme des radars de surveillance maritime modernisés en 2027.

Mais lors de son arrivée, où elle a été accueillie par des chants traditionnels et des colliers de fleurs, la cheffe du gouvernement, accompagnée par deux ministres, Aurélien Rousseau (Santé) et Philippe Vigier (Outre-mer), s’est d’abord penchée sur la pénurie d’eau, à laquelle les habitants n’ont accès qu’un jour sur trois.

C’est d’ailleurs cette crise qui a motivé au départ la visite d’une douzaine d’heures, la première d’un chef de gouvernement depuis Manuel Valls en 2015. Mais l’archipel de l’océan Indien de 310 000 habitants, où Marine Le Pen (RN) a réuni près de 60% des suffrages à la dernière présidentielle, est secoué par des affrontements entre villages qui ont conduit à l’envoi de renforts de gendarmerie.

L’occasion pour la Première ministre d’assurer que les distributions d’eau en bouteilles se poursuivront -au même titre que la prise en charge des factures- « aussi longtemps que nécessaire ».

« La violence que vous vivez, ce n’est pas normal »

Mais le sujet de l’eau s’est rapidement retrouvé au second plan, lorsqu’une élue locale a interpellée la Première ministre : « Vous êtes bienvenue à Mayotte mais il y a un ’mais’. Avant on vivait librement maintenant on est en prison » avec l’insécurité. « Liberté égale à quoi chez nous ? La prison. Egalité égale (...) la tuerie » et « la fraternité, la soif », a-t-elle déploré.

« On voit bien que la crise de l’eau se rajoute à toutes les crises qui existent », lui a répondu Mme Borne. L’archipel est confronté à sa pire sécheresse depuis 1997, aggravée par un manque d’infrastructures et d’investissements. « La violence que vous vivez, ce n’est pas normal », a ensuite reconnu la Première ministre.

De passage dans un bidonville de Koungou qui doit prochainement être démantelé, Elisabeth Borne a jugé que cette situation n’était « pas digne de notre pays ». La locataire de Matignon s’est donc dit déterminée à « renforcer la lutte » contre l’immigration illégale, et « au-delà » à proposer des logements « dignes » aux personnes en situation régulière.

À Dembeni (centre est), commune particulièrement touchée par les violences, Elisabeth Borne s’est également attardée auprès de membres des forces de l’ordre et d’élèves qui ont pu témoigner de leur quotidien difficile sur l’île.

« On ne comprend pas ce qui se passe dans leur tête », a réagi Elisabeth Borne au sujet des auteurs de violences, faisant valoir une loi prochaine sur la justice des mineurs.

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