À Londres, l’Afrique photographiée par des Africains

La Tate Modern, à Londres, présente en ce moment l’œuvre de 36 photographes africains contemporains.

Pour le quotidien britannique The Guardian, cette exposition “pleine d’énergie” montre que les Africains se sont définitivement approprié l’art de la photographie.

“Will I Still Carry Water When I Am a Dead Woman” (vidéo), de Wura-Natasha Ogunji, 2013.. VIDEO WURA-NATASHA OGUNJI/PHOTO EMA EDOSIO
“Will I Still Carry Water When I Am a Dead Woman” (vidéo), de Wura-Natasha Ogunji, 2013.. VIDEO WURA-NATASHA OGUNJI/PHOTO EMA EDOSIO

Il n’en a pas toujours été ainsi. En Afrique, la photographie est arrivée “dans les bagages des colons, avec les armes et la Bible”, a un jour écrit la romancière zimbabwéenne Yvonne Vera.

Aujourd’hui, des photographes africains “détournent les conventions, trouvent de nouveaux modes d’expression et inventent même de nouvelles identités postcoloniales pour le continent”, constate le Guardian.

Les portraits en studio en offrent un parfait exemple.

“Student nurses Alfrah, Adabesi, Odah, Uzoma, Abor and Aniagolum”. Un portrait de groupe signé de la Nigériane Ruth Ginika Ossai et réalisé à Onitsha, dans l’État d’Anambra, au Nigeria, en 2018.. PHOTO RUTH GINIKA OSSAI
“Student nurses Alfrah, Adabesi, Odah, Uzoma, Abor and Aniagolum”. Un portrait de groupe signé de la Nigériane Ruth Ginika Ossai et réalisé à Onitsha, dans l’État d’Anambra, au Nigeria, en 2018.. PHOTO RUTH GINIKA OSSAI

Au début du XXe siècle, les Africains aisés posaient engoncés dans des habits européens.

Cela a commencé à changer à partir des années 1950, avec les Maliens Malick Sidibé et Seydou Keïta, ou le Ghanéen James Barnor.

Aujourd’hui, les portraits de la Nigériane Ruth Ginika Ossai (voir page précédente) “proposent une explosion flamboyante de couleurs et de motifs”, décrit le Guardian. Pour les décors de ses photos, elle s’inspire parfois de films de Nollywood, l’Hollywood nigérian.

“Breaking News”, de la série “The Profit Corner”, réalisée par Mário Macilau en 2015. . PHOTO MÁRIO MACILAU/COURTESY ED CROSS FINE ART
“Breaking News”, de la série “The Profit Corner”, réalisée par Mário Macilau en 2015. . PHOTO MÁRIO MACILAU/COURTESY ED CROSS FINE ART

Le Mozambicain Mário Macilau, quant à lui, a photographié les chiffonniers de la décharge géante de Maputo, la capitale de son pays.

Quand le jeune homme ci-dessus a découvert son portrait, pris à travers un écran cassé, il a beaucoup ri, raconte l’artiste.

“L’idée, c’est que, si l’appareil photo a donné à un moment une représentation erronée de certains corps ou sujets, pourquoi ne pourrait-il pas être aussi un outil de libération ?”

Osei Bonsu, le commissaire de l’exposition

“Pablo P. Mbela”, de la série “Tipo Passe”, réalisée par l’Angolais Edson Chagas en 2014.. PHOTO EDSON CHAGAS/COURTESY OF THE ARTIST AND APALAZZO GALLERY
“Pablo P. Mbela”, de la série “Tipo Passe”, réalisée par l’Angolais Edson Chagas en 2014.. PHOTO EDSON CHAGAS/COURTESY OF THE ARTIST AND APALAZZO GALLERY

Plusieurs des travaux exposés “évoquent le passé – l’héritage colonial, mais aussi les traditions qui ont été rejetées, voire effacées”, ajoute le Guardian.

“Nous accueillons la modernité et sommes fiers de nos traditions, c’est ce qui nous rend uniques”, dit l’Éthiopienne Aïda Muluneh.

Sa série Water Life a été faite sur le dôme volcanique de Dallol, en Éthiopie. Chaque photo semble tirée d’un rêve hautement coloré.

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