À HEC, ces étudiants appellent à boycotter les entreprises polluantes

TRAVAIL - « Salut, tu connais EACOP ? » Sur le campus de HEC, ce mercredi 26 avril, une poignée d’étudiants jouent la montre, tract en main, pour tenter de capter quelques secondes d’attention des étudiants pressés qui entrent et sortent de cours. Comme c’est le cas dans une dizaine de grandes écoles ce matin-là, ces étudiants, écolos convaincus, sont venus protester contre le projet EACOP, de TotalEnergies, un immense oléoduc chauffé qui doit traverser la Tanzanie.

Comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article, ils sont aussi là pour afficher leur refus de travailler pour l’entreprise française, et pour toutes celles qui ne respectent pas les objectifs de l’Accord de Paris. « Nous faisons les mêmes écoles que vos dirigeants, mais nous ne ferons pas les mêmes carrières, » assure dans un communiqué le collectif d’étudiants.

Des « bifurqueurs »

Il y a un an, un frémissement a parcouru les grandes écoles, en pleine période de remise des diplômes. C’est d’abord à AgroParisTech que de jeunes diplômés prennent la parole pendant la cérémonie, avec un discours choc qui fait le tour des réseaux sociaux. « Nous sommes plusieurs à ne pas vouloir faire mine d’être fiers et méritants d’obtenir ce diplôme à l’issue d’une formation qui pousse globalement à participer aux ravages sociaux et écologiques en cours », déclarent ceux que l’on a ensuite appelés les « bifurqueurs ».

Même radicalité un mois plus tard à Polytechnique dans le discours d’un nouveau diplômé qui appelle les étudiants à « sortir des rails sur lesquels nous installent insidieusement notre diplôme et notre réseau. »

Partout dans les grandes écoles, la tendance semble prendre racine. Sur le campus d’HEC, les étudiants l’assurent au HuffPost, « le prestige, ça reste toujours le M&A [Fusion - Acquisition en anglais] ou la finance ». Et pourtant, ceux qui se mobilisent contre le projet EACOP ont l’impression que les choses changent. « Il n’y a qu’à voir les effectifs de notre association écolo Esp’R qui ont doublé, voire triplé en l’espace de quatre ans, » s’enthousiasme Noémi, 21 ans.

Yann, 21 ans, envisage lui sérieusement de devenir « bifurqueur » après l’école : « Je ne pense pas que ce soit suffisant de décider de travailler pour une entreprise 100 % écolo, mais c’est un des moyens pour avancer dans la lutte écologique. Je pense que je serai bifurqueur, voire déserteur, on verra de quoi l’avenir est fait. »

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