À Gaza, après l’ordre Israël, l’hôpital d’al-Chifa évacué : le point sur la situation

Des patients et des déplacées réfugiés dans l’hôpital Al-Chifa, à Gaza-ville, le 10 novembre 2023.
- / AFP Des patients et des déplacées réfugiés dans l’hôpital Al-Chifa, à Gaza-ville, le 10 novembre 2023.

GAZA - Les soldats israéliens qui mènent pour le quatrième jour consécutif un raid sur l’hôpital al-Chifa de Gaza-ville ont ordonné ce samedi 18 novembre son évacuation « sous une heure ».

Actuellement, selon l’ONU, 2 300 patients, soignants et déplacés se trouvent dans cet établissement et l’inquiétude internationale va grandissante pour leur sort. Israël, lui, assure que le Hamas au pouvoir à Gaza se sert de cet établissement comme base militaire.

Le HuffPost fait le point sur la situation dans cet hôpital et sur les autres points chauds du conflit entre Israël et le Hamas.

· La situation à l’hôpital al-Chifa

Dans un message diffusé en arabe en début de matinée, via haut-parleur, Tsahal a ordonné   d’évacuer les lieux sous une heure. L’armée israélienne a également appelé le directeur de l’hôpital Mohammed Abou Salmiya pour lui réclamer « l’évacuation des patients, des blessés, des déplacés et des soignants et que tous se rendent à pied vers la corniche » côtière qui borde l’hôpital, à l’ouest de Gaza-ville, a rapporté ce médecin-chef à l’AFP.

Des centaines de personnes ont donc quitté samedi l’hôpital al-Chifa de Gaza, le ministère de la Santé du Hamas précisant que « 120 blessés » et des bébés prématurés n’avaient pu être évacués.

Des médecins sont restés dans al-Chifa pour prendre soin de ces patients, ont précisé des responsables de l’établissement à l’AFP, sans donner le nombre exact des bébés encore dans l’enceinte. « Nous sommes en contact avec la Croix-Rouge à leur sujet », a indiqué le ministère, sans plus de détail.

L’armée israélienne, elle, assurait n’avoir donné aucun ordre d’évacuation mais avoir « répondu à une requête » du directeur de l’hôpital.

• Des malades poussés vers Salaheddine

Ces colonnes de déplacés, de médecins, de malades et de blessés, certains amputés, certains très faibles, marchaient en direction de la route Salaheddine qui mène vers le sud de la bande de Gaza. C’est dans cette zone que l’armée israélienne veut relocaliser les 1,1 million d’habitants du nord, où se concentrent jusqu’à présent les combats au sol contre le Hamas. Elle a donc ouvert samedi un corridor menant vers la route Salaheddine.

Sur le chemin, le journaliste de l’AFP a vu au moins une quinzaine de corps, certains en décomposition avancée. Alentour, les routes étaient défoncées, les magasins détruits, des voitures retournées ou écrasées.

Autour de l’hôpital, le plus grand de la bande de Gaza, des chars israéliens, des transports de troupes et des blindés étaient visibles, tandis que des drones israéliens survolaient la zone.

· Frappes mortelles dans un camp de réfugiés

Le ministère de la Santé du Hamas a fait état d’au moins 50 personnes tuées ce samedi dans une frappe israélienne sur une école abritant des déplacés dans un camp de réfugiés géré par l’ONU, dans le nord de la bande de Gaza. Cette frappe s’est produite « à l’aube, sur l’école al-Fakhoura », dans le camp de Jabaliya, a indiqué à l’AFP un responsable du ministère.

Le même jour, le ministère de la Santé du Hamas a annoncé la mort de 32 membres d’une même famille, dont 19 enfants, dans une frappe israélienne sur leur maison, toujours au camp de Jabaliya.

· Frappes à Khan Younès

Dans la nuit de vendredi à samedi, une frappe contre trois immeubles de Khan Younès, situé dans le sud de Gaza, a encore fait 26 morts et 23 blessés graves, selon le directeur de l’hôpital Nasser de cette ville du centre de la bande.

Comme le rappelle la BBC, Mark Regev, conseiller du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a annoncé vendredi sur MSNBC qu’Israël demandait aux occupants de Khan Younès de quitter les lieux : « je sais que ce n’est pas facile pour eux. mais nous ne voulons pas voir des civils pris entre deux feux ».

· Une première livraison de carburant

Une première livraison de carburant est arrivée dans la bande de Gaza après le feu vert d’Israël, afin de redémarrer les générateurs d’électricité des hôpitaux et des réseaux de télécommunications dans le territoire assiégé, selon le directeur d’un hôpital local.

À la demande des États-Unis, Israël a autorisé l’entrée quotidienne de deux camions-citernes dans la bande de Gaza. L’Autorité palestinienne, responsable du terminal de Rafah à la frontière égyptienne, a annoncé vendredi soir que 17 000 litres de carburant avaient été livrés pour alimenter les générateurs de la compagnie de télécommunications gazaouie.

Israël refusait jusqu’ici de laisser passer le carburant, affirmant que cela pourrait profiter aux activités militaires du Hamas.

· Des frappes en Cisjordanie

Les tensions sont aussi vives en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967 par Israël, où environ 200 Palestiniens ont été tués par des colons et des soldats israéliens depuis le 7 octobre, selon le ministère palestinien de la Santé.

L’armée israélienne a annoncé vendredi avoir tué « cinq terroristes » à Jénine, bastion des mouvements armés palestiniens. Et selon le Croissant Rouge palestinien, cinq personnes ont été tuées et deux autres blessées dans la nuit de vendredi à samedi dans une frappe aérienne contre le camp de réfugiés de Balata, près de Naplouse, également connu pour héberger de jeunes combattants des différents groupes palestiniens.

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