À Gaza, les couturiers retoucheurs pris d’assaut

Déplacé de force à Rafah avec sa famille à cause de la guerre qui fait rage dans la bande de Gaza depuis huit mois, Abou Bilal se rend chez un couturier de rue, comme on peut en trouver dans les artères encombrées de la ville où s’entasse plus d’un million de réfugiés, pour “rafistoler” des vêtements, raconte un journaliste palestinien au site libanais Daraj.

C’est l’une des conséquences du conflit pour les habitants de Gaza. Nombre de ces déplacés qui ont dû fuir précipitamment leur foyer “n’ont que les vêtements qu’ils portent”. Alors, avec le temps, ils finissent par s’user. Et à cause du manque de nourriture, “les vêtements de beaucoup de gens sont devenus trop amples” pour eux.

Et comme les vêtements neufs sont très rares et inabordables pour la plupart des Gazaouis à cause du siège quasi total imposé à l’enclave, beaucoup “n’ont pas d’autre choix” que de se tourner vers les retoucheurs pour rapiécer ou rétrécir les seuls vêtements en leur possession.

Machine à coudre à pédale

Akram est l’un de ces couturiers de Rafah. Il raconte à Daraj qu’il travaille non-stop, que le nombre de clients peut atteindre “une centaine de personnes par jour”. Au départ, il cousait à la main, sans sa machine à coudre électrique inopérante à cause de la pénurie d’électricité, mais la masse de travail était trop importante.

“Avec l’augmentation du travail, j’ai décidé de chercher une alternative pour faire fonctionner la machine […] et j’ai trouvé sur Internet une méthode innovante en raccordant la machine à un vélo.”

Un vélo d’appartement, pour être précis, raccordé par une chaîne au moteur de la machine à coudre qui tourne à l’action de pédalage du fils d’Akram.

Nassim, un autre couturier, a aussi opté pour le système de vélo mais c’est lui qui actionne les pédales et à la main. Il explique que la principale difficulté “est de se procurer les matières premières pour le travail, comme le fil par exemple”.

Les pénuries rendent toutes ces matières plus chères, et les retoucheurs, pour s’y retrouver financièrement, sont obligés d’adapter le tarif de leur prestation. “Tout est cher, le but est d’avoir de l’argent pour vivre”, explique Akram. Malgré cela, il reste moins onéreux de passer par un couturier que d’acheter de nouveaux vêtements.

[...] Lire la suite sur Courrier international

Sur le même sujet :