À Fréjus, enquête ouverte sur Rachline et sa gestion, Marine Le Pen prend ses distances avec le maire RN

A Fréjus, enquête ouverte sur Rachline et sa gestion, Marine Le Pen prend ses distances avec le maire RN (photo de Le Pen et Rachline en 2016)
FRANCK PENNANT / AFP A Fréjus, enquête ouverte sur Rachline et sa gestion, Marine Le Pen prend ses distances avec le maire RN (photo de Le Pen et Rachline en 2016)

POLITIQUE - Marine Le Pen avait laissé sa robe d’avocate en coulisse. La cheffe de file du Rassemblement national n’a pas trouvé beaucoup d’arguments, ce dimanche 10 décembre sur CNews, pour défendre le maire de Fréjus David Rachline, un de ses anciens proches, à l’heure où la justice explique ouvrir une enquête sur sa gestion de la ville du Var.

Une étape de procédure judiciaire qui fait suite à la publication du livre Les Rapaces, qui pointe le « système politico-financier » que l’édile aurait mis en place dans sa commune. « C’est assez classique que le parquet ouvre une enquête pour savoir si ce qui est indiqué dans ce livre est vrai ou non », a ainsi répondu Marine Le Pen, avant d’ajouter : « Ça lui permettra de se défendre précisément (...) des accusations qui sont portées contre lui. »

Mais au-delà de ces explications techniques, lorsqu’elle a été relancée sur la question de savoir si le deuxième vice-président du RN a une gestion « exemplaire » à Fréjus, la dirigeante d’extrême droite n’a pas souhaité s’avancer. « Je n’en sais strictement rien, je ne vis pas à Fréjus, je ne travaille pas à la mairie, je n’en sais rien », a-t-elle balayé. Avant de poursuivre : « Tout peut absolument arriver, je suis dans l’incapacité de vous apporter la moindre réponse sur ce sujet n’ayant que des rapports très lointains avec la gestion de Fréjus. » Et de quand même nuancer un bien : « Ce que je sais c’est qu’il a été réélu au premier tour aux dernières municipales. »

« Des affaires possiblement évocatrices de prises illégales d’intérêt et de favoritisme »

Le procureur de la République de Draguignan Pierre Couttenier a confirmé ce dimanche matin à l’AFP que « le parquet de Draguignan va ouvrir une enquête concernant la mairie de Fréjus », une information publiée quelques minutes plus tôt par L’Obs.

« Cela se situe dans le prolongement du livre », a-t-il ajouté, sans préciser les chefs de l’enquête ni si une ou plusieurs plaintes avaient été déposées après la publication du livre Les Rapaces (édition Les Arènes), de la journaliste de L’Obs Camille Vigogne Le Coat, paru début novembre.

Selon l’hebdomadaire, qui cite le procureur, cette « enquête préliminaire » porte sur « des affaires d’attribution de marchés publics et des affaires possiblement évocatrices de prises illégales d’intérêt et de favoritisme ».

Le livre dénonce le train de vie de l’édile d’extrême droite, sans commune mesure avec ses indemnités d’élu. Il l’accuse aussi d’arrangements avec un puissant entrepreneur local de BTP pour l’attribution de marchés publics, bien loin de l’image d’exemplarité que revendique son parti, et relaye des soirées arrosées du maire, où fuseraient remarques racistes et gestes antisémites.

« J’accueille cette information avec une profonde sérénité », a réagi dans un communiqué David Rachline qui qualifie les accusations du livre « de pures inventions relayées par d’anciens collaborateurs éconduits et opposants politique ». Son avocat avait annoncé une plainte en diffamation contre l’autrice il y a plusieurs semaines et l’élu assure ce dimanche que la ville et d’autres agents cités le feront également.

Il dirige depuis une dizaine d’années cette cité balnéaire de 56 000 habitants, érigée en vitrine du projet lepéniste. Aujourd’hui âgé de 36 ans, l’élu a escaladé à grande vitesse les marches du parti. Conseiller municipal de sa ville à 20 ans, il a dirigé le Front national de la jeunesse et été directeur de campagne de Marine Le Pen pour la présidentielle de 2017. Cinq ans plus tard, l’ex-sénateur, réélu à la tête de sa ville dès le premier tour en 2020, est propulsé deuxième vice-président du parti d’extrême droite.

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