À Doha, une question m’étreint : “Pourquoi ?”

“Vous les trouvez comment, vos centres d’entraînement ?” ai-je demandé à Louis Van Gaal, l’entraîneur de l’équipe des Pays-Bas. “Ils sont top, m’a-t-il répondu. Ils ne peuvent pas être mieux, c’est impeccable.” Puis, au détour d’une phrase, il me redit que la Coupe du monde ne devrait pas avoir lieu au Qatar, qu’elle n’aurait jamais dû être organisée ici. Ce qui résume assez bien la situation : tout est magnifique, mais on ressent comme un malaise.

Les Pays-Bas s’entraînent ici dans un centre appelé “Qatar University Training Site 6” [Centre d’entraînement 6 de l’université du Qatar]. Le gazon est immaculé, il y a des projecteurs, deux terrains d’entraînement, tout le matériel qu’ont demandé les équipes est à leur disposition, installé dans un périmètre de verdure fraîchement plantée afin d’assurer une certaine intimité. Comme vous le voyez, non content de construire un réseau de métro et sept nouveaux stades (en plus d’en avoir rénové un), le Qatar a aménagé un grand nombre de ces équipements d’entraînement.

Carte des sites du Mondial de foot au Qatar, et de l’environnement géopolitique du pays (ZEE, bases militaires, champs gaziers).
Carte des sites du Mondial de foot au Qatar, et de l’environnement géopolitique du pays (ZEE, bases militaires, champs gaziers).

Des milliers de litres engloutis

L’échelle et la qualité sont époustouflantes. Mais dans le même temps, Reuters rapporte que les 8 stades et les 136 terrains d’entraînement utilisés consomment 10 000 litres d’eau dessalée par jour en hiver et 50 000 litres par jour en été. Gros malaise, encore une fois.

Presque à chaque pas, on est à la fois étonné et perplexe. A-t-on jamais mis en œuvre un projet aussi vaste et aussi ambitieux sur cette planète ? Pourtant, même si l’on a du mal à comprendre la complexité de tout cela, on se demande sans arrêt : “Pourquoi ?”

Pour moi, comme c’est le cas dans la plupart des visites internationales, tout a commencé au comptoir de location de voitures de l’aéroport. Le monsieur sympathique vous dit “It’s coming home” [“Le football rentre à la maison”, l’hymne des supporteurs anglais], vous mettez un petit temps à comprendre, et il s’avère qu’il est albanais.

Dans notre résidence, le personnel de l’accueil est composé de Rwandais, de Sud-Africains et d’Égyptiens. Les deux vigiles sont pakistanais et marocain. Les employés des toilettes pour hommes du centre de médias étaient ghanéens. Au restaurant, j’ai été servi par des Népalais et des Sri-Lankais, et les travailleurs avec lesquels je me suis entretenu devant le nouvel hôtel Raffles (j’y reviendrai) étaient tunisiens et bangladais. Apparemment, le monde entier est ici, en dehors des Qataris.

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