À Cuba, l’extraordinaire vol de 133 tonnes de poulet

“Nous devons vaincre la corruption, la délinquance, l’indiscipline sociale. La sécurité, l’ordre et la tranquillité des citoyens sont des conquêtes inaliénables du peuple cubain”, écrit dans un long éditorial inhabituel Granma, le quotidien du Parti communiste de Cuba (PCC). Si le texte ne fait pas directement allusion à cette nouvelle, il a été publié juste au lendemain de l’annonce, par la télévision officielle Canal Caribe, du vol le plus important survenu sur l’île ces dernières années, et sans doute depuis le début de la dictature.

Cent trente-trois tonnes de morceaux de poulet ont été dérobées, apparemment en plusieurs fois, dans les entrepôts frigorifiques de l’entreprise d’État Copmar à La Havane, chargée de la distribution et de la commercialisation de produits alimentaires.

Dans un pays qui traverse une période de graves pénuries, “le manque de poulet dans le panier alimentaire de base [distribué mensuellement aux familles] pourrait être une explication ou une justification de ce vol”, écrit le site dissident Cibercuba.

Trente personnes ont été arrêtées, dont des salariés de l’entreprise. Elles risquent jusqu’à vingt ans de prison. “La sanction sera sévère, a prévenu la procureure chargée de l’affaire, étant donné le moment historique [de pénuries] que nous vivons et le produit concerné”, principale source de protéines des Cubains.

Un salaire moyen inférieur à 14 euros

Citant le reportage de la télévision cubaine, le site d’opposition Cubanet explique que les 133 tonnes de poulet dérobées étaient réparties “en 1 660 caisses, qui étaient revendues 3 800 pesos dans la rue”. Autrement dit au marché noir. Toujours sur le marché noir – pratiquement le seul existant –, 3 800 pesos valent aujourd’hui 12,50 dollars (11,60 euros). Le montant du vol représenterait donc plus de 19 000 euros, une fortune dans un pays où le salaire moyen est de 4 200 pesos (13,80 euros). Au cours officiel, le montant – hypothétique – serait de 490 000 euros.

L’éditorial de Granma a beau dénoncer “la crise économique mondiale, amplifiée dans le cas de Cuba par le blocus [embargo] honteux” imposé par les États-Unis, les morceaux de poulet volés avaient été importés du grand voisin du nord. En effet, l’embargo américain ne s’applique pas aux produits alimentaires ni aux produits pharmaceutiques.

[...] Lire la suite sur Courrier international

Sur le même sujet :