À Choose France, Emmanuel Macron et le gouvernement vont jouer la carte de la « réindustrialisation verte »

Au 7e sommet Choose France à Versailles, organisé ce lundi 13 mai par Emmanuel Macron, le gouvernement mettra de nouveau à l’honneur la « réindustrialisation verte ». (Illustration : usine de lithium à Echassierres.)
OLIVIER CHASSIGNOLE / AFP Au 7e sommet Choose France à Versailles, organisé ce lundi 13 mai par Emmanuel Macron, le gouvernement mettra de nouveau à l’honneur la « réindustrialisation verte ». (Illustration : usine de lithium à Echassierres.)

ÉCONOMIE - Le mythe de la croissance verte. Au 7e sommet Choose France à Versailles, organisé ce lundi 13 mai par Emmanuel Macron, l’exécutif mettra de nouveau à l’honneur la « réindustrialisation verte » qu’il considère comme la « mère des batailles » du secteur industriel. Pour cette nouvelle édition, l’Elysée évoque un montant total de 15 milliards d’euros d’investissements en France.

Avec Choose France, l’inaudible satisfaction macroniste sur l’attractivité économique

La volonté de « verdir » l’industrie française transpire en effet dans moult projets d’investissement qui doivent être annoncés lors du sommet économique, comme l’a fait savoir l’Élysée en amont de la rencontre. Parmi eux : une usine d’engrais pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre, le premier avion régional électrique, ou encore une mine de nickel.

En bref, des projets qui suivent tout à fait la ligne promue par Emmanuel Macron, qui estime que le combat contre le réchauffement climatique n’est pas antinomique avec une pleine croissance.

Produire des engrais azotés bas carbone ?

Le plus gros projet à ce stade concerne une potentielle usine d’engrais qui réduirait, selon ses promoteurs, fortement les rejets de dioxyde de carbone, le premier gaz à réchauffer l’atmosphère. Le consortium européen FertigHy envisage un investissement de 1,3 milliard d’euros pour cette usine dans la Somme, à Languevoisin, comme l’a révélé Roland Lescure, le ministre délégué de l’Industrie et de l’Énergie, dans La Tribune dimanche.

L’usine produirait des engrais azotés sans utiliser de gaz naturel, qui en est l’ingrédient historique. De l’hydrogène extrait de l’eau dans un électrolyseur permettra de remplacer un gaz que les Européens importaient autrefois largement de Russie. Le projet, dont la décision finale d’investissement est attendue fin 2026, est une « feuille de route pour la souveraineté européenne », a ainsi estimé Jose Antonio de las Heras Alonso, directeur général de FertigHy.

Face à cette promesse de produire des engrais azotés « bas carbone », rappelons toutefois que limiter notre dépendance à ces intrants est plus que nécessaire. L’épandage des engrais azotés dans l’agriculture émet du protoxyde d’azote, un gaz à effet de serre près de 300 fois plus polluant que le CO2.

Terres rares « made in France »

Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a annoncé de son côté la création d’une usine de raffinage de nickel sur les communes de Blanquefort et Parempuyre, en Nouvelle-Aquitaine, par l’entreprise KL1 basée en Suisse.

Le site de Blanquefort « avait été très marqué par la fermeture de Ford », a rappelé le ministre lors d’une communication téléphonique avec la presse. Montant de l’investissement : 300 millions d’euros pour 200 emplois, selon lui. Le début de l’activité est prévu en 2027. « Avec cet investissement la France sera en mesure d’avoir l’intégralité de la chaîne de valeur du véhicule électrique : mine, raffinage, cathodes, batterie, véhicule électrique », a-t-il assuré.

Par ailleurs, le groupe chimique belge Solvay va reconvertir son usine de La Rochelle pour « lancer prochainement la première phase d’une unité de production à grande échelle de terres rares », a complété Roland Lescure.

Un nouvel « avion régional électrique »

Les terres rares sont indispensables aux moteurs des voitures électriques. L’investissement pourrait à terme atteindre 100 millions d’euros, selon le ministre. Mais leur exploitation en France, notamment à Échassières où la première mine française de lithium est en discussion, inquiète les associations de défense de l’environnement. Ces dernières pointent des risques de pollution de l’eau, des sols et de l’air. Sans parler des grandes quantités d’eau que nécessite l’extraction des terres rares.

Bruno Le Maire a également annoncé une future usine aéronautique de la société allemande Lilium. Située en Nouvelle-Aquitaine, l’usine travaillera sur un nouvel « avion régional électrique » et le reconditionnement des batteries qui seront nécessaires à son fonctionnement.

« L’investissement se monte à 400 millions d’euros, représente 850 emplois et l’entrée en service de l’usine est prévue en 2026 », a-t-il poursuivi. Un énième projet qui illustre donc l’écologie à la française : faire de la transition énergétique une activité productiviste.

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