À Cannes, Léa Seydoux dit être protégée par son « statut » mais constate un changement post MeToo

FESTIVAL DE CANNES - À chaque conférence de presse sur la Croisette, le sujet est inévitable. Léa Seydoux n’avait pourtant pas l’air préparée à y répondre. L’actrice, qui venait répondre aux questions des journalistes sur le film Deuxième acte de Quentin Dupieux au Festival de Cannes ce mercredi 15 mai, a été interrogée sur le MeToo du cinéma français.

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Interrogée une première fois sur ce qu’elle pense du mouvement MeToo et son impact sur l’industrie du film, Léa Seydoux a lancé : « Qu’est-ce que vous voulez que je réponde à ça ? Oui, c’est bien que la parole se libère, que les choses changent, il était temps ». La comédienne de 38 ans s’est dit témoin d’un changement « qui a opéré ».

« J’ai été une actrice aussi d’avant, et maintenant je constate l’après, je ne peux que saluer ce mouvement », a-t-elle ajouté. Elle a rapidement ramené la question au film de Quentin Dupieux, qui aborde le sujet avec humour : « Même si c’est un sujet grave MeToo et que c’est important, c’est bien aussi de pouvoir en parler comme là dans le film, où c’est mis en exergue de façon un peu drôle ».

Plus tard lors de la conférence de presse, une autre journaliste lui a demandé d’expliquer ce qu’elle avait constaté concrètement comme changement. « Il y avait des choses, à l’époque… » a balbutié l’actrice, bottant en touche, avant d’ajouter : « J’ai déjà parlé des choses dont j’ai été témoin ».

Léa Seydoux se dit « protégée »

« Même s’il m’est arrivé des mésaventures, j’ai quand même été une actrice qui a eu beaucoup de chance, j’ai été respectée, plus ou moins », a-t-elle dit. L’actrice, petite-fille de l’influent Jérôme Seydoux à la tête de Pathé, a notamment tourné avec le réalisateur Abdellatif Kechiche, accusé d’agression sexuelle dans une enquête classée sans suite. En février dernier, au micro de France inter, elle a confié qu’il n’y avait « pas de respect » sur le tournage de La vie d’Adèle, notamment à propos de la nudité.

En 2017, Léa Seydoux avait aussi raconté dans une tribune au Guardian que Harvey Weinstein « a soudainement sauté sur moi et a essayé de m’embrasser ». Dans et après ce témoignage, elle a, à plusieurs reprises, insisté sur le fait de ne pas avoir eu peur du producteur américain, et pointé du doigt « l’hypocrisie » des victimes qui ont pris la parole des années après les faits.

Lors de la conférence de presse à Cannes, elle a tout de même précisé ne pas vouloir se comparer aux « femmes qui ont été vraiment des victimes, qui ont vécu des choses gravissimes ». La comédienne a partagé son point de vue sur son expérience personnelle : « Mon statut me protège je pense, parce que c’est quand même quand on est une jeune actrice que c’est plus difficile, quand on est vulnérable ». S’il s’agit là de son vécu, ni l’âge ni la notoriété ne protège pourtant les actrices, et plus généralement les femmes, des violences sexistes et sexuelles.

Léa Seydoux dit aujourd’hui voir « un changement global » dans les comportements sur les tournages. « Il n’y a plus cette familiarité, je sens que même pour des scènes intimes il y a plus de respect ». C’est peut-être le cas pour les films dans lesquels elle joue. Mais la récente vague MeToo dans le cinéma français montre qu’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir avant que les plateaux soient un lieu de travail sûr pour toutes les femmes.

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