À Cannes, Jacques Audiard enchante le cinéma avec « Emilia Pérez », son conte de fées musical et déjanté

Copyright PAGE 114 – WHY NOT PRODUCTIONS – PATHÉ FILMS - FRANCE 2 CINÉMA - SAINT LAURENT PRODUCTIONS - Shanna Besson
Copyright PAGE 114 – WHY NOT PRODUCTIONS – PATHÉ FILMS - FRANCE 2 CINÉMA - SAINT LAURENT PRODUCTIONS - Shanna Besson

FESTIVAL DE CANNES - Jacques Audiard est de retour à Cannes avec Emilia Pérez, en compétition officielle. Neuf ans après sa Palme d’or reçue avec Dheepan, il pourrait bien remettre ça avec un long-métrage qui n’a rien, mais alors vraiment rien à voir. Nous avons vu Emilia Pérez ce vendredi 18 mai au Festival de Cannes, il se révèle être l’un de nos coups de cœur, avec le film Bird. Emilia Pérez est un pur enchantement, mené par un trio de femmes hypnotisantes : Zoe Saldana, Karla Sofia Gascón, et Selena Gomez.

Au Festival de Cannes 2024, « Megalopolis », « Furiosa », « Emilia Perez » … les dix films les plus attendus

Difficile de savoir d’où est venue à Jacques Audiard l’idée fabuleuse du film Emilia Pérez. Sur le papier, le pari est fou. Le long métrage suit le destin de Rita (Zoe Saldana), une avocate qui s’ennuie ferme dans son cabinet médiocre. Sa vie bascule le jour où Manitas, le chef du plus puissant cartel de Mexico lui demande de l’aider à achever sa transition, et à disparaître ensuite, abandonnant sa femme Jessi (Selena Gomez) et ses enfants. Manitas devient Emilia Pérez (Karla Sofia Gascón), et change radicalement de vie, avant que son passé ne revienne la hanter.

Mais le génie d’Audiard est d’avoir fait de cette histoire déjà puissante de transition et de rédemption, une comédie musicale. Et du destin d’Emilia Perez, un conte de fées des temps modernes.

Car à n’en pas douter, Emilia Pérez a (presque) tout du conte de fées. La métamorphose, celle que l’héroïne attend depuis toujours et pour laquelle elle est prête à tout sacrifier, lui ouvre les portes d’une nouvelle vie. Pour y parvenir elle peut compter sur l’aide d’une alliée, presque une bonne fée. Et que serait cette nouvelle vie sans amour pour cette femme qui se sent enfin elle-même ?

Véritable invitation à l’introspection, Emilia Pérez est aussi une fable sur la rédemption. En changeant de genre, de vie, et d’identité, Emilia Pérez opère le plus grand des changements, celui qui est invisible aux yeux de tous, sauf de son amie Rita, et des siens. Elle devient une bonne personne.

Emilia Pérez, comédie musicale entraînante

Si vous êtes totalement allergiques aux comédies musicales et que les premières notes d’une séquence chantée dans un film vous donnent une crise d’urticaire, il y a fort à parier que vous ne soyez pas forcément aussi emballés que nous par ce projet complètement fou. Mais si en revanche, vous sifflotez Grease, Chicago, ou encore les chansons des films Disney sous la douche, vous allez vous régaler.

Selena Gomez joue dans « Emilia Perez » de Jacques Audiard.
Shanna Besson Selena Gomez joue dans « Emilia Perez » de Jacques Audiard.

Emilia Pérez est une comédie musicale très variée. Il y a autant de ballades mélancoliques, que de chansons d’amour, de titres plus rock aussi, un peu de rap, le tout teinté de sonorités mexicaines entraînantes. On vous met au défi de ne pas verser une larme pendant « Papa » , ni d’avoir envie de danser quand Selena Gomez se lance dans une chorégraphie endiablée en pyjama.

Si les chansons sont aussi réussies, c’est grâce aux paroles et à des chorégraphies d’une précision redoutable, mais aussi grâce au trio qui les interprète pour la plupart. Zoe Saldana, Selena Gomez et Karla Sofia Gascón chantent « pour de vrai » et doublent leur interprétation d’un jeu qui frôle la perfection.

Zoe Saldana tient ici l’un de ses premiers rôles principaux, mais certainement pas le dernier. Selena Gomez prouve une fois encore (après Only Murders in the Building) qu’elle est bien plus qu’une ancienne enfant star de Disney Channel. Et l’actrice espagnole Karla Sofia Gascón, irradie par sa présence tout le film et mérite à notre sens le prix d’interprétation féminine.

Quinze ans après son grand Prix du Jury obtenu pour Un Prophète et neuf ans après sa Palme d’Or reçue pour Dheepan, Jacques Audiard est revenu comme un enchanteur à Cannes. Et il se pourrait bien qu’il n’en reparte pas les mains vides. Il faudrait simplement qu’il pose sa baguette magique un instant.

À voir également sur Le HuffPost  :

Festival de Cannes : Dans « Oh Canada » Richard Gere est aussi confus que nous à la sortie du film

Eva Longoria va adapter « Dix pour cent » au Mexique, annonce l’actrice en plein Festival de Cannes