À Cannes, Charlotte Le Bon libère sa rage dans « Niki », biopic surprenant sur Niki de Saint Phalle
CINÉMA - « Je veux faire ma création à moi. » Fini l’actrice, fini la mannequin. Dans Niki, surprenant premier film de l’actrice française Céline Sallette sur Niki de Saint Phalle présenté dans la section Un certain regard du Festival de Cannes, jeudi 23 mai, Charlotte Le Bon campe le rôle de la célèbre artiste prête à libérer la colère qui est en elle.
À Cannes, « Le Comte de Monte-Cristo » en met plein la vue grâce à Pierre Niney, mais pas seulement
N’espérez pas voir à l’écran ses sculptures de la fontaine Stravinsky à Paris ou celles de son incroyable jardin des Tarots, dans la campagne toscane. Niki nous cueille au tournant des années 1950, alors que Niki Mathews, son mari et leur premier enfant ont quitté les États-Unis pour venir s’installer en France.
Nous allons la suivre pendant dix ans, dix ans décisifs dans la carrière de l’artiste qu’elle est sur le point de devenir. Ce qu’elle croyait n’avoir jamais existé – un inceste dont elle a été victime pendant son enfance par son père – refait surface et l’empoisonne. Niki subit une dépression de plein fouet, la conduisant dans un hôpital austère.
Sur place, elle découvre le collage et la peinture. Et très vite, la passion devient une obsession. « On ne veut pas me donner de la colle, alors je n’ai pas de choix que de me cacher », soutient-elle face à son médecin, qui vient de la griller en train de bricoler de la colle artisanale avec du pain. Son art la guérit en partie. Elle se sent libérée.
À Paris et ailleurs en France, Niki fait ses armes, mais ça ne marche pas. Elle est rejetée par le monde de l’art, les galeries et l’intelligentsia de la capitale, qui voit en elle une simple femme au foyer qui peint pour s’occuper.
Niki de Saint Phalle prend les armes
Elle est malmenée, par les hommes notamment. Son docteur, d’abord, qui brûle une lettre d’excuses dans laquelle son père reconnaissait avoir abusé d’elle. La « seule preuve » qu’elle n’a pas tout inventé, qu’elle n’est pas folle. Son premier mari, aussi. Il l’a trompée dans son dos une multitude de fois. Son père, évidemment. Et plus tard, son amant, un homme manipulateur.
La rage gronde en elle. Elle est à deux doigts d’exploser. Comment l’exprimer ? En détruisant des toiles à coups de couteau et de fléchettes, peut-être. Ou en tirant dessus à l’arme à feu, clin d’œil à Tir, célèbre toile réalisée par l’artiste en 1961 sur laquelle se clôture le film. Niki dépeint la genèse de Niki de Saint Phalle, prête à prendre les armes pour partir au combat telle une guerrière.
Un rôle fort et déroutant, interprété par une Charlotte Le Bon troublante dont on découvre une palette d’émotions intenses faites de larmes, de joie, de peur et d’angoisses. Les scènes à l’hôpital l’ont marquée. « Je plongeais et j’essayais de donner mon maximum dès le départ, a-t-elle expliqué à Ouest-France. Puis, s’il fallait baisser d’intensité, je m’adaptais. Mais il fallait que je fonce. » Son personnage n’a pas une minute à perdre. Et ne nous en fait perdre aucune dans ce biopic, à retrouver en salles prochainement au cinéma.
À voir également sur Le HuffPost :
À Cannes face à Mohammad Rasoulof, Golshifteh Farahani n’a pas pu retenir ses larmes en l’écoutant