À Bordeaux, une « lycéenne exemplaire » menacée d’expulsion, le préfet promet de réexaminer la situation

Le lycée François Magendie à Bordeaux, où étudie la jeune sri-lankaise visée par une OQTF.
Le lycée François Magendie à Bordeaux, où étudie la jeune sri-lankaise visée par une OQTF.

BORDEAUX - Le rêve de cette lycéenne pourrait s’arrêter net. Originaire du Sri Lanka, Onel-Shenaya Fernando est arrivée en France fin 2019, après que son père a été menacé de mort pour s’être opposé à un élu local sri-lankais. Cette jeune adulte de 18 ans a appris le français et intégré une filière scientifique au lycée François Magendie de Bordeaux, dans l’optique de devenir vétérinaire.

Mais un courrier reçu début septembre menace de couper court à ses ambitions. Onel-Shenaya a en effet reçu le 6 septembre une obligation de quitter le territoire français (OQTF) sous 30 jours, alors qu’elle venait tout juste d’effectuer sa rentrée en terminale.

Majeure depuis peu, elle avait fait une demande de titre de séjour auprès des autorités françaises pour poursuivre sa scolarité en France. Las, la préfecture a répondu défavorablement, arguant que la jeune femme « est démunie de toute attache privée ou familiale proche et stable en France », et qu’« elle ne produit aucun document établissant son insertion durable dans la société française ».

« J’étais tellement triste et en colère ! J’ai bien travaillé, j’ai appris la langue, je fais tout pour réussir ma vie ici », explique dans un français impeccable Onel-Shenaya auprès de France 3 Nouvelle-Aquitaine, qui a révélé cette affaire vendredi.

En presque quatre ans passés Bordeaux, elle s’est en effet construit un solide cercle d’amis, menant en parallèle une scolarité qualifiée d’exemplaire par ses professeurs.

15 sur 20 à l’oral de français

Elle a notamment obtenu un 15 sur 20 à l’oral de français il y a quelques mois, Sandrine Nebout, qui lui a appris le français lors de son arrivée. C’est une « élève très sérieuse et impliquée », témoigne-t-elle auprès de Sud-Ouest.

« Elle a, en quelques années, acquis un niveau de français impressionnant. Je mets au défi n’importe qui d’arriver à ce niveau-là, en un temps aussi faible », abonde Clément Vauchelles, l’un de ses professeurs, auprès de France 3. « C’est profondément injuste cette situation. (...) C’est aussi faire fi de tout ce que Shenaya a pu réaliser depuis son arrivée et de tout ce qu’on peut mettre en place, nous, pour nos élèves », ajoute Sandrine Nebout.

Ce qui est sûr, c’est que la lycéenne peut compter sur énormément de soutiens : son entourage, les élèves de son lycée, ses professeurs, mais aussi des organisations comme l’association lycéenne Fidl ou des élus politiques, qui appellent à se mobiliser.

Une pétition en ligne a aussi été lancée, demandant d’« arrêter l’obligation de quitter le territoire français » de la jeune femme. Elle récoltait plus de 23 600 signatures ce dimanche en fin d’après-midi, pour un objectif initial fixé à 25 000 signatures.

Après le recours juridique lancé par Onel-Shenaya et son avocat, le préfet de la région Nouvelle-Aquitaine Étienne Guyot s’est d’ores et déjà « engagé à réétudier la situation ».

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