« Être l’un sur l’autre n’est pas une sinécure » : les défis du couple à la retraite
« Si on peut éviter de se regarder en chiens de faïence, c'est quand même préférable… », sourit Anne, 69 ans. Mariée à Jean depuis trente-sept ans, cette ancienne professeure des universités se confie avec malice et lucidité sur leur retraite. Et elle l'admet : « Être l'un sur l'autre n'est pas une sinécure ! »
Après le départ des enfants et le « syndrome du nid vide » (ce sentiment de solitude qui assaille alors certains parents), l'interruption de la vie professionnelle marque pour nombre de couples un changement de cap important. Promiscuité, nouveau tempo… Ce nouvel espace-temps ouvre, de fait, une configuration inédite.
Et si elle fait la joie des plus complices, elle relève, pour d'autres, de la gageure. « Quand on se marie “pour le meilleur et pour le pire”, on ne songe pas à tous les repas que l'on sera, un jour, amenés à prendre ensemble », esquisse avec humour Serge Guérin, sociologue spécialiste du vieillissement, qui a enquêté sur le sujet.
« Se recentrer sur ses envies »
Parce qu'elle bouleverse un équilibre éprouvé, « la retraite implique de réinventer la vie à deux », expose ainsi Catherine Demangeot, thérapeute de couple. Une attention qui a plus à voir avec la « relation à soi-même » qu'avec la « relation à l'autre », précise toutefois la spécialiste.
« Cette période nous plonge dans un nouveau paradigme, plus égocentré, développe-t-elle. On ne travaille plus, comme on le faisait, pour sa famille, son entreprise ou la société. Et c'est une oppo [...] Lire la suite