«Sans les étrangers, y aurait qui ici, à Rungis ?»

Au lever du jour, Rungis, plus grand marché de produits frais d’Europe, 232 hectares, est à son pic d’activité. Dans ce marché de gros qui joue les intermédiaires pour faire vivre la production agricole ou piscicole, à 4 h 15 dans les effluves de poisson, c’est déjà la fin de la journée de travail. Entre les daurades, les soles, les thons massifs ou les montagnes de moules, dans un froid glacial, une femme d’une trentaine d’années, les traits tirés, crie sur son chariot, en apercevant un petit groupe en blouses blanches amassé autour d’une belle brochette de poisson frais : «Ah, j’ai cru que c’était Le Pen qui venait, mais non. Elle n’est même pas venue nous voir.» Deux poissonniers bavardent. Christopher, 29 ans, travaille à Rungis depuis cinq ans. Il est écailler. Lucien a 18 ans, et il est préparateur depuis deux ans. «La Marine, on l’a pas vue. Dommage, on vote pour elle», balance Christopher avec un large sourire. Elle est passée partout, aux viandes, aux légumes. Sauf ici. «Apparemment, ça pue trop.» Pourquoi voter pour elle ? «Faut que ça change.» On n’en saura pas plus.

Direction les fruits et légumes. On nous avertit : «Ne faites pas attention, les gens sont un peu rustres ici mais, bon, il y a beaucoup de Marocains.» On aborde un jeune. Il est préparateur de commandes et livreur de palettes. Salahddine, 26 ans, à Rungis depuis deux ans, diplômé en génie civil et bac +2 en sciences économiques. «Si je votais, je voterais blanc même si j’ai bien aimé le programme de Hamon. Je ne comprends pas pourquoi beaucoup d’Arabes - en tout cas ici - ont voté Mélenchon. Son programme est impossible à appliquer», lâche-t-il. Et Le Pen ? «Elle ne me fait pas peur. C’est que du blabla, ça va rien changer, elle peut rien faire. C’est vrai aussi qu’il y a beaucoup d’immigrés qui foutent le bordel», dit-il avant de citer Coluche : «Si voter changeait quelque chose, il y a longtemps que ça serait interdit.» Un de ses collègues, de passage, croit bon de nous prévenir : «Hé ! (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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