Pour les élections européennes, Jean-Luc Mélenchon à la rescousse de la France Insoumise et la liste Aubry

Jean-Luc Mélenchon et Manon Aubry  le 7 mai 2022 à Aubervilliers. (photo d’illustration)
JULIEN DE ROSA / AFP Jean-Luc Mélenchon et Manon Aubry le 7 mai 2022 à Aubervilliers. (photo d’illustration)

POLITIQUE - La mise en retrait attendra encore un peu. Ce samedi 16 mars à Villepinte, la France Insoumise et sa tête de liste Manon Aubry lancent officiellement leur campagne pour les élections européennes. Pas question de « meeting » ici mais une « Convention de l’union populaire » avec des ateliers de formation des militants et un discours de Jean-Luc Mélenchon.

Avant même le début de la campagne, le scrutin a mal commencé pour le parti qui a tenté durant des mois de convaincre ses alliés de feu la NUPES. Les cadres du mouvement mélenchonistes ont dû renoncer à une liste commune et finir par choisir Manon Aubry, comme en 2019, pour la tête de liste.

Depuis, les insoumis ont présenté leur liste. Une prise aux écologistes en la personne de l’eurodéputé sortant Damien Carême, une autre à Génération.s, la juriste pro-palestinienne Rima Hassan… LFI revendique une liste d’union qui s’adresse « aux orphelins de la NUPES », redit Manon Aubry lors de la conférence de presse.

La liste LFI à la peine dans les sondages

Si l’union à gauche avait suscité un engouement visible et de bons résultats aux législatives de 2022, le retour à une offre éclatée se fait au détriment des insoumis. Car comme le montre notre compilateur de sondages ci-dessous, la liste de Manon Aubry se hisse difficile en 6e position à moins de 100 jours du scrutin. Pire : l’écart se creuse avec la liste PS/Place publique de Raphaël Glucksmann qui atteint les 10 % (+2) dans notre sondage YouGov du mois de mars, quand Manon Aubry perd 2 points et descend à 6 %, derrière la liste des écologistes.

Il y a donc urgence à mobiliser. Après une première campagne (controversée) contre la non et la mal-inscription sur les listes électorales, les insoumis entrent pleinement dans la bataille ce samedi. La tête de liste Manon Aubry clôturera les prises de parole juste après une intervention de Jean-Luc Mélenchon qui arrive, lui aussi, au soutien de sa candidate.

Le 28 janvier, alors que Manon Aubry officialise sa candidature dans 20Minutes, le triple candidat à la présidentielle assure sur BFMTV que « nous sommes investis à fond » dans la campagne des européennes car « ce n’est pas une élection comme une autre, c’est en quelque sorte le premier tour de l’élection présidentielle ».

Mélenchon en service minimum sur les européennes ?

Mais dans les jours et semaines qui suivent, les insoumis consacrent surtout leur temps - et leurs publications sur X - à étriller la liste socialiste. Jean-Luc Mélenchon s’exprime lui abondamment sur la situation à Gaza (un sujet hors du champ de compétence de l’UE), réagit à la crise agricole, félicite ses troupes pour leur travail dans la Constitutionnalisation de l’IVG, dénonce les déclarations d’Emmanuel Macron sur l’envoi de troupes en Ukraine… Et les européennes alors ?

Le leader insoumis s’est fait le relais de la campagne d’inscription sur les listes électorales. Il s’est aussi réjoui des victoires à Strasbourg des eurodéputés du groupe The Left, présidé par Manon Aubry. Service minimum ? « C’est difficile d’entrer en campagne alors que la campagne n’est pas lancé », le défend auprès du HuffPost le député Antoine Léaument, ancien responsable de sa communication numérique en 2022.

Mais tout à vocation à changer à partir de ce samedi. « C’est une certitude que Jean-Luc va s’investir dans la campagne », assure le député de l’Essonne. Meeting, médias... différentes options sont sur la table même si le 28 janvier sur BFMTV l’intéressé disait vouloir participer « au combat de manière différente ». Un combat qu’il a commencé dès jeudi 14 mars, en se payant un tour de chauffe aux côtés du député LFI Louis Boyard, et qu’il répétera ce dimanche à la mi-journée sur France 3.

« Ce serait stupide de ne pas mettre en avant la figure de Jean-Luc Mélenchon alors même que pour beaucoup de gens, notre programme, la France Insoumise, les élections et Mélenchon, c’est une seule et même chose » Antoine Léaument, député LFI.

Reste qu’il lui faudra trouver un équilibre, lui qui voulait être « en retrait » sans être « à la retraite ». L’enjeu est aussi de ne pas invisibiliser Manon Aubry. Après un premier mandat européen, l’insoumise se classe 6e dans une enquête d’opinion Ipsos pour Le Parisien sur les personnalités de moins de 45 ans qui inspirent la plus confiance. Première personnalité LFI citée, elle atteint les 10 %, trois points derrière Raphaël Glucksmann mais devant Marie Toussaint (4 %) ou Mathilde Panot (6 %).

Antoine Léaument n’y croit pas et juge « les personnalités » présentes sur la liste suffisamment fortes et susceptibles de susciter l’engouement pour ne pas pâtir de la popularité de Jean-Luc Mélenchon. Ce proche du leader insoumis assume néanmoins de lui réserver une (bonne) place dans la campagne. « Ce serait stupide de ne pas mettre en avant la figure de Jean-Luc Mélenchon alors même que pour beaucoup de gens, notre programme, la France Insoumise, les élections et Mélenchon, c’est une seule et même chose, pointe-t-il. Bien sûr que la figure de Jean-Luc est centrale et c’est une bonne chose qu’elle le soit aussi dans cette élection ».

Mais tous savent aussi qu’un score relatif de la liste insoumise aux européennes rendra plus incontournable encore le tribun dans la course pour 2027. Il aura alors beau jeu de rappeler que c’est lui qui attire les électeurs, encore plus que son positionnement.

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