Élections européennes 2024 : ce que disent les sondages à six mois du scrutin

Jordan Bardella (ici au Parlement européen, à Strasbourg, le 22 novembre 2022) fait la course en tête dans les sondages à six mois des élections européennes.
FREDERICK FLORIN / AFP Jordan Bardella (ici au Parlement européen, à Strasbourg, le 22 novembre 2022) fait la course en tête dans les sondages à six mois des élections européennes.

POLITIQUE - La plupart des électeurs n’ont pas cette échéance en tête, mais la date du 9 juin 2024 est cochée dans l’agenda de tous les partis politiques. Car les élections européennes 2024 sont pile dans six mois. Et si toutes les têtes de listes ne sont pas officiellement connues, le paysage de la ligne de départ est bien dégagé.

Plusieurs candidats sont en course, à l’image de Jordan Bardella pour le RN, Marie Toussaint pour Les Écologistes, Manon Aubry pour la France insoumise, Léon Deffontaines pour le Parti communiste et Marion Maréchal pour Reconquête !. D’autres sont seulement pressentis : François-Xavier Bellamy pour Les Républicains, Raphaël Glucksmann pour un ticket Place-Publique-Parti socialiste et Stéphane Séjourné pour Renaissance, le camp d’Emmanuel Macron.

Ce faisant, cela fait plusieurs mois que les instituts de sondage produisent des études d’intentions de vote, que Le HuffPost a agrégées dans le compilateur ci-dessous.

En voici les principaux enseignements, tout en gardant en tête que cette photographie n’a pas valeur de projection. Elle permet simplement de constater l’état des forces à l’instant T et de mesurer le poids du contexte politique actuel dans le positionnement de chacun.

Le RN surnage, Renaissance en embuscade

Pour le moment, c’est le Rassemblement national qui tire son épingle du jeu. Ce qui n’est pas très étonnant au regard de l’énergie investie par le parti d’extrême droite à l’égard de ce scrutin, perçu en interne comme une élection de mi-mandat décisive dans l’optique d’une potentielle victoire en 2027.

Il faut aussi rappeler que le RN est parti tôt. Très tôt. Dès le 3 septembre, Jordan Bardella (qui avait refusé le combat des législatives en 2022) a confirmé qu’il sera tête de liste. Le 14 septembre à Beaucaire, le parti lepéniste avait même placé sa rentrée politique sous le signe de ces élections. L’occasion pour Marine Le Pen de sortir une obscure Déclaration des droits des nations et des peuples, dont il n’est plus question aujourd’hui, le projet ayant étrangement disparu des radars depuis. Malgré un bilan famélique en raison de l’isolement de son groupe au Parlement européen, Jordan Bardella observe une insolente avance de sept points sur la liste Renaissance. Avec 27,4 %, le parti d’extrême droite est même bien au-delà des 23,3 % qui lui avaient valu de remporter le scrutin en 2019.

Affichant 20 % au compteur de notre compilateur, le camp présidentiel (qui n’a pas officiellement de candidat) peut compter sur une mise de départ confortable, d’autant que la campagne n’a pas vraiment démarré. Pour autant, et là résidera le principal défi pour Stéphane Séjourné, on observe que la cote du parti au pouvoir s’est érodée depuis le mois d’avril, descendant plus bas que les 22,4 % de 2019 et bien en deçà du socle de popularité d’Emmanuel Macron. Une tendance négative enregistrée au moment où le RN affiche en miroir une dynamique positive. Ce qui, dans le cadre d’un duel électoral, n’est jamais bon signe.

Un marasme à gauche, mais...

Alors qu’il y a longtemps que l’hypothèse d’une liste unique à gauche a été enterrée, aucun des différents partis composant ce qui reste de la NUPES ne dépasse les 10 %. En première place du match de la gauche, c’est le candidat putatif Raphaël Glucksmann qui domine, avec une tendance à 9,5 % , suivi de Marie Toussaint (8,8 %), Manon Aubry (8,5 %) et en queue de peloton Léon Deffontaines (3,5 %) ; insuffisant pour obtenir des sièges, la barre étant fixée à 5 %.

Malgré cette photographie désastreuse pour la gauche, certains y verront un motif de satisfaction. Car en additionnant les scores de chacun, la barre des 30 % est dépassée, ce qui signifie donc que le vote de gauche est majoritaire dans le pays. Mais surtout, que l’ensemble de la gauche disposera d’un nombre de sièges plus important que le RN ou Renaissance, comme c’était le cas en 2019 : 26 pour la gauche (EELV 13, LFI 6, PS 6) contre 23 au RN et à Renaissance. Un argument utilisé par la patronne des Écologistes, Marine Tondelier, au moment où elle fermait la porte à une candidature unique labellisée NUPES. « On aura plus de députés écologistes et de gauche en y allant séparés », martelait-elle, sans convaincre les insoumis pour qui l’important était de dépasser l’extrême droite et la Macronie le soir du scrutin.

Un match LR vs Reconquête !

C’est, à vrai dire, l’enseignement le plus intéressant de ce compilateur. Alors que la courbe des Républicains décline, celle de Marion Maréchal augmente sans discontinuer. Et ce, sans affecter la dynamique de la liste de Jordan Bardella, mais en rattrapant celle de François-Xavier Bellamy qui a légèrement dévissé ces dernières semaines. Ce qui signifie qu’il existe un match entre LR, qui droitise sans cesse son discours, et le parti d’Éric Zemmour. D’autant que les deux têtes de liste ont des profils très proches : conservateurs, anti-immigration et libéraux économiquement.

De fait, les deux semblent s’adresser au même électorat, dans un contexte où l’appareil militant Reconquête !, fort de 100 000 adhérents à jour de cotisation constatés par huissier, apparaît dans une meilleure forme que celui présidé par Éric Ciotti, qui en revendique 91 000 (sans constat d’huissier) après une forte chute au printemps. De quoi annoncer une bataille féroce entre ces deux formations, représentées par des têtes de liste proches et appartenant à la même génération.

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