À Venise, les symphonies fantastiques de l’artiste Julie Mehretu

Invisible Line (Collective), de Julie Mehretu (2010-2011).  - Credit:Marco Cappelletti
Invisible Line (Collective), de Julie Mehretu (2010-2011). - Credit:Marco Cappelletti

Née à Addis-Abeba (Éthiopie) en 1970, l'artiste américaine Julie Mehretu fait flamboyer le Palazzo Grassi – autre lieu vénitien de Pinault Collection avec la Punta della Dogana, qui accueille Pierre Huyghe –, de toute son énergie picturale.

Sous le titre « Ensemble » – qui évoque aussi bien l'idée d'un élan collectif que l'univers de la musique et même de la symphonie –, cette vaste exposition orchestrée par l'artiste et la commissaire Caroline Bourgeois couvre non seulement vingt-cinq ans de la production de Mehretu, mais convie un certain nombre de ses amis créateurs à scander le show de leurs propres œuvres.

Et non des moindres sur la planète de l'art, puisqu'il s'agit de David Hammons, de Tacita Dean ou encore de Paul Pfeiffer, qui présente des fragments de corps sculptés sur le modèle du corps tatoué de Justin Bieber, mais à la façon des reliques d'un jeune saint. Un écho parfait à l'attention que porte Julie Mehretu aux bouleversements de notre monde.

Tempête de pigments

On est immédiatement frappé, en effet, de déceler, sous le déluge de couleurs et de formes à laquelle est capable de s'adonner cette reine de l'abstraction à l'incroyable technique – certaines toiles sont constituées d'innombrables couches qu'elle travaille, lisse, retravaille –, une prise de conscience permanente des dérèglements de la planète et l'expression d'une immense empathie pour les grands brûlés de l'Histoire récente.

Ses toiles de la décennie 2010 ne se fondent-elles pas sur de [...] Lire la suite