À Orsay, il était une fois la naissance de l'impressionnisme

Peint par Camille Cabaillot-Lassalle, Le Salon de 1874 (huile sur toile, 1874), où l’on se presse en famille. - Credit:Sophie Crépy
Peint par Camille Cabaillot-Lassalle, Le Salon de 1874 (huile sur toile, 1874), où l’on se presse en famille. - Credit:Sophie Crépy

Le 15 avril 1874 s'ouvre au 35 boulevard des Capucines, à Paris, dans l'atelier du photographe Nadar, une modeste exposition qui n'attirera en quatre semaines que 3 500 visiteurs. Parmi les 30 artistes exposés : Claude Monet, Paul Cézanne, Camille Pissarro, Auguste Renoir, Edgar Degas, Berthe Morisot et Alfred Sisley… L'événement est un fiasco financier, puisque seules cinq œuvres, sur les 200 présentées, trouveront un acquéreur. Mais il va infléchir, pour toujours, le cours de l'histoire de l'art.

Pour la première fois, des peintres, constitués en société anonyme coopérative, ont en effet décidé eux-mêmes de ce qui valait d'être montré au public en se passant des services d'un marchand et en défiant, surtout, le Salon des artistes qui se tient ce même printemps, et comme chaque année, au palais des Champs-Élysées. Lors de cet événement majeur de la vie culturelle française, contrôlé par le gouvernement, c'est le jury de l'Académie des beaux-arts qui décide quelles sont les œuvres dignes d'être exposées, jugement que les rebelles réfugiés chez Nadar estiment arbitraire et conventionnel. Pendant quatre semaines, ils vont donc pulvériser, du moins pour certains d'entre eux, les canons de l'« art officiel »…

 - Credit: ©  Patrice Schmidt/Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais/sp
- Credit: © Patrice Schmidt/Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais/sp

Exposée chez Nadar et jugée inconvenante, Une moderne Olympia (huile sur toile, vers 1873-1874), de Paul Cézanne. « Comme une vision voluptueuse, ce coin de paradis artificiel a suffoqué les plus braves… », écrit à son propos un critique d’art, « et M. Céza [...] Lire la suite