À Mexico, la crise du logement déclenche une vague de xénophobie

“Gringo go Home !” (“Étranger rentre chez toi”) : depuis plus de deux ans, des inscriptions de ce genre se sont multipliées sur les murs de la capitale mexicaine, comme ceux de la colonia Roma, le quartier hipster de la ville. En cause : l’arrivée massive des nomades numériques, venus notamment des États-Unis.

“Dans l’imaginaire collectif, les gringos sont à l’origine de la hausse du coût du logement à Mexico. On pense que les expulser constituerait une bonne partie de la solution”, explique Viri Rios dans El País. Mais la chroniqueuse s’inscrit en faux contre cette accusation, qui se traduit au Mexique par véritable flambée de xénophobie.

“La hausse des prix de l’immobilier précède en réalité l’arrivée des gringos. Les mettre en cause permet d’absoudre les vrais coupables”, soutient la journaliste.

D’une part, le coût du logement n’a pas bondi seulement dans la capitale, mais bien dans tout le pays. Il n’y a pas un seul État où il n’a pas plus que doublé en quinze ans, constate Viri Rios.

“De 2005 à 2021, les prix ont augmenté de 247 % au Mexique. Y compris dans les États qui n’attirent pas beaucoup de touristes, comme le Morelos [situé à plus de 80 km de la capitale], où les prix ont augmenté de 193 %.”

D’autre part, on constate qu’à Mexico la hausse a en réalité ralenti depuis que la capitale est devenue à la mode chez les nomades numériques. “Depuis la pandémie, les prix des logements ont augmenté de 25 %, soit une hausse inférieure à celle enregistrée au cours des quatre années précédentes, durant lesquelles ils avaient augmenté de 44 %.”

Si la pandémie s’est traduite par une moindre hausse des prix, “c’est sans doute parce que les travailleurs mexicains peuvent désormais télétravailler depuis d’autres États”.

Airbnb, la solution de facilité

La principale raison de la flambée spectaculaire du coût du logement à Mexico, c’est qu’il n’y a pas assez de logements disponibles, pointe Viri Rios. “Pour répondre aux besoins normaux de la population, il faudrait au moins 11 000 logements supplémentaires chaque année – d’autres estimations évaluent ce chiffre à 50 000. Mais en 2023, 1 701 logements seulement ont été construits à Mexico et seulement 12 % étaient des logements abordables.”

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