À Gaza, une surveillance “digne de la Stasi” menée par le Hamas

Le mouvement islamiste, au pouvoir depuis 2007 dans la bande de Gaza, a récolté pendant des années des informations sur les habitants de l’enclave palestinienne, afin d’étouffer toute velléité contestataire. “The New York Times” a enquêté sur ce phénomène.

Les documents auxquels The New York Times a eu accès sont sans équivoque : le Hamas a “espionné pendant des années les civils palestiniens”, surveillant sous la direction de son chef Yahya Sinwar, “leurs engagements politiques, leurs publications en ligne et même, semble-t-il, leurs histoires d’amour”.

D’après des fichiers internes du Hamas, des témoignages palestiniens et des renseignements israéliens, une unité appelée “service de sécurité générale” aurait notamment été chargée de répertorier les faits et gestes des habitants de Gaza, avec l’aide d’un réseau d’informateurs civils. Sur place, aucune contestation n’aurait été tolérée par les dirigeants du mouvement islamiste palestinien, “alors même qu’ils assurent représenter le peuple gazaoui”.

Le titre new-yorkais fait un parallèle avec les forces syriennes, chargées d’étouffer tout mouvement de contestation, en précisant toutefois que le service de sécurité générale du Hamas préconise avant tout “la censure, l’intimidation et la surveillance, plutôt que la violence physique”.

Des journalistes auraient ainsi été suivis pendant leurs reportages, des militants politiques auraient été victimes de campagnes de diffamation, de simples citoyens auraient été dénoncés car ils étaient soupçonnés d’avoir des comportements contraires à la morale.

Entre le marteau et l’enclume

“Ce service de sécurité générale rappelle la Stasi, en Allemagne de l’Est” commente l’ancien officier des renseignements israéliens Michael Milshtein, dans les pages du quotidien américain. Comme au temps de la police secrète de la république démocratique d’Allemagne (RDA), “il y a toujours quelqu’un pour surveiller tout le monde.”

Dans ce climat de méfiance généralisée, assure quant à lui le professeur de sciences politiques gazaoui Mkhaimar Abusada, de nombreux civils auraient renoncé à se faire entendre, afin de “ne pas avoir de problème avec le gouvernement du Hamas”.

Ils auraient été - et seraient toujours - “coincés entre le marteau manié par Israël avec son blocus [puis ses actions militaires contre Gaza] et l’enclume de la surveillance constante [mené par le mouvement islamiste au pouvoir] ”.

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